L’information est une marchandise et son échange est un commerce. L’échange d’informations est un commerce qui peut être un commerce d’amitié comme il peut être une escroquerie, un trafic de denrées avariées, d’informations trafiquées. L’information est une marchandise, un bien immatériel qui s’échange et parfois se périme. C’est l’avantage que nous avons avec la Parole de Dieu : elle ne se périme pas.
L’information est un bien quand elle est exacte et quand elle est juste, qu’on y a droit, qu’elle n’est pas indiscrète ni abusive, qu’elle n’empiète pas sur la vie privée et l’intimité des personnes. L’information est un bien quand elle est respectueuse du sujet comme du public. L’information est un bien quand elle ouvre un dialogue.
Notre responsabilité de destinataires et relais est de nous assurer de l’exactitude et la justesse de ces informations, en vérifier la traçabilité, s’assurer de la probité de la source et des relais, la motivation du média. Les médias ont une fonction sociale et commerciale : ils vendent des informations, suivant des modes de financement multiples, par abonnement, publicités, subventions, etc.
L’information est un bien qui se transmet et s’échange : ceux qui se plaignent de n’être jamais au courant de rien doivent s’interroger sur ce qu’eux-mêmes communiquent.
C’est un talent. Et dans cette parabole, les talents qui étaient des pièces d’argent figurent aussi des biens immatériels, les aptitudes et les dons, les talents en français, comme ils peuvent aussi représenter des informations précieuses qu’un Maître a confiées à ses serviteurs. Que faites-vous de la Bonne Nouvelle qui vous a été confiée ? Vous la gardez pour vous ? Vous l’avez enterrée pour après votre mort, on ne sait jamais ? Ou est-ce que vous l’annoncez et la faites fructifier ?
Le premier serviteur reçut cinq talents, les cinq livres de la Loi de Moïse, la première Alliance. Il en a gagné cinq autres : la révélation aux cinq continents de la Loi de Dieu inscrite dans le cœur de l’homme. En appliquant les dix commandements de Dieu, chacun découvre le lien profond qui nous unit les uns aux autres. ‘Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.’
Celui qui avait reçu deux talents avait compris le double commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Il en a gagné deux autres : la connaissance des deux autres personnes de la Trinité, le Christ et l’Esprit, révélés par les quatre Evangiles. Viens Esprit des quatre vents ouvrir notre cœur à la vie éternelle.
Celui qui avait reçu un seul talent savait que le Seigneur Dieu est l’Unique, il n’y a qu’un seul Dieu qui veut faire l’unité de tous ses enfants. Cette information, lui dit son maître, tu devais la confier à ceux dont c’est la profession, faire confiance aux croyants et leur demander de prier pour toi. Leur prière t’aurait sauvé. Que tu ne pratiques pas, c’est une chose, demande au moins aux autres de prier pour toi.
Elargissons maintenant le propos à deux défis (parmi beaucoup d’autres) qu’en matière d’informations nous avons à relever.
Le premier concerne l’Eglise et le mauvais usage que nous faisons de secrets qui n’en sont pas, disons d’informations abusivement réservées. C’est la clé du cléricalisme, la rétention d’informations, l’absence d’explications et de concertation du peuple chrétien sur nombre de décisions qui le concernent. Alors que nous devrions être le modèle du peuple où chacun, comme dans la parabole, reçoit sa part de responsabilité, et en rendra compte au Seigneur.
Le deuxième défi en matière d’informations prend tout son sens en cette journée mondiale des pauvres : il est le sentiment croissant de nos contemporains d’être manipulés et que foisonnent les complots. La parabole dit pourquoi des informations sont cachées : par lâcheté ! J’ai eu peur et je l’ai caché. La peur n’est pas devenue – elle a toujours été la maîtresse du monde. Ne craignez pas, dit Jésus. L’amour de Dieu, l’amour parfait chasse la crainte. Les pauvres pour qui nous devons prier sont ceux qui ont enterré en eux ce talent qu’on appelle la dignité ou la conscience.
Un seul talent me suffit : ma conscience – d’être aimé de Dieu.
Père Christian Lancrey-Javal, curé
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