Ceux qui ont entendu, dans leur langue maternelle ! les Apôtres proclamer les merveilles de Dieu n’étaient pas tous dans l’émerveillement. Dans la stupéfaction, oui, se disant : Quoi ? Ils ont bu ? Pierre est intervenu : non, ils ne sont pas ivres, il est 9h du matin. Ils ne sont pas ‘pleins de vin doux’ mais bien d’Esprit-Saint (Ac 2, 15).
Pierre fait alors un discours sur la résurrection du Christ. Nous en avons entendu un passage au 3ème dimanche de Pâques, avec cette citation d’un Psaume : mon cœur est en fête !
« Mon cœur exulte, mon âme est en fête » (Ps 15).
On croirait entendre la Vierge Marie : Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Magnificat !
La fête de la Pentecôte est l’occasion de se souvenir de grands moments de joie de notre vie. C’était le sens de la fête de Pentecôte au temps de Jésus : le peuple se souvenait du don de la Loi à la sortie d’Egypte : la Loi leur fierté ! Quel Dieu est aussi grand et aussi proche de nous que notre Dieu, aussi bon pour nous donner cette sagesse ? « Tu m’apprends le chemin de la vie » (Ps 15).
Souvenons-nous en cette fête de la Pentecôte des grandes joies de notre vie.
Quand nous avons eu le cœur léger, envie de danser : mon cœur exulte, mon âme est en fête ! Pour certains, cela a été la réussite à un examen ou un concours, la récompense d’efforts acharnés, de sacrifices répétés. La joie de retrouvailles : celui qui était perdu est retrouvé ! La première fois que nous avons été amoureux, que la vie était belle ! La naissance d’un enfant, l’annonce de sa venue, le premier instant de l’annonce est toujours une joie. Combien en trouverez-vous ? Cinq ? Dix ? Certaines seront religieuses : une fête de Noël en famille, un baptême, un mariage, le sentiment de l’amour de Dieu, la certitude de sa présence.
Le critère d’une grande joie est la surabondance. Comme dans le Psaume 22 : ma coupe est débordante. Grâce et bonheur m’accompagnent pour le reste de ma vie : inoubliables, ces joies ne s’oublient pas. Elles ne se gardent pas non plus pour soi : on est forcé de les partager, de communiquer. Quand Elisabeth était enceinte, elle ne l’avait dit à personne, à la naissance de Jean-Baptiste, « ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait montré la grandeur de sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle » (Lc 1, 58).
Surabondance et partage constituent l’événement de la Pentecôte. Les disciples avaient déjà l’Esprit-Saint, puisque « personne n’est capable de dire : ‘Jésus est Seigneur’ sinon dans l’Esprit Saint » dit saint Paul dans la 2ème lecture (1 Co 12, 3), et quand Pierre avait dit à Jésus : ‘Tu es le Christ’, Jésus avait répondu : ce n’est pas la chair et le sang qui te font dire cela mais mon Père par son Esprit (Mt 16, 17). Voilà qu’ils le reçoivent en plénitude !
Le mystère de la Pentecôte est de surabondance et de partage, où l’Esprit déborde du cœur des disciples, et les pousse à transmettre la foi à tous ceux qui sont autour d’eux, à Jérusalem ce jour-là.
La Constitution Dei Verbum de Vatican II sur la Révélation divine et sa transmission s’ouvre sur une citation de saint Augustin qui décrit ainsi l’œuvre de l’Esprit : « afin qu’en entendant l’annonce du salut, le monde entier y croie, qu’en croyant il espère, qu’en espérant il aime ».
Qu’en entendant parler de Jésus, l’être humain croie, qu’en croyant il espère, qu’en espérant il aime.
La surabondance matérielle de nos sociétés (comparée à tant de pays du monde) ne conduit manifestement pas au partage, alors que la grâce de Dieu, en se communiquant, rapproche : « ayez à cœur de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix » (Ep 4, 3).
L’Ascension, vous disais-je, est une des cinq grandes fêtes de l’année avec Noël, l’Epiphanie, Pâques et la Pentecôte : Noël la joie de la naissance de l’enfant attendu, l’enfant-Jésus. L’Epiphanie, la joie de l’ouverture au monde, de rencontres magnifiques par-delà cultures et langues. Pâques la joie unique des retrouvailles, l’amour plus fort que la mort. L’Ascension, la joie du retour à la Maison, du travail accompli, l’Espérance garantie. Et la Pentecôte, la joie du cœur amoureux, rempli de l’Esprit de Dieu et qui ne peut le garder pour lui.
Quand, au nom du Christ, je rappelle sa promesse – « Et moi je suis avec vous tous les jours » et que je dis : « Le Seigneur soit avec vous », nous répondons au Père et au Fils : « Et avec votre Esprit » !
Il est Seigneur et il donne la Vie !
Père Christian Lancrey-Javal, curé
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