12ème dimanche du temps ordinaire - 23 juin 2024

Mc 4, 35-41

 

Il y a toutes sortes de tempêtes : des tempêtes de neige, des tempêtes de grêle, des tempêtes de de sable, des tempêtes intérieures Tempête sous un crâne est le titre d’un chapitre des Misérables de Victor Hugo. Des tempêtes dans un verre d’eau, des tempêtes plus ou moins naturelles, plus ou moins réelles, et je voudrais vous parler d’un type particulier : les tempêtes médiatiques, quand une personne ou une institution est prise à partie, violemment attaquéedans les médias et les réseaux sociaux, tant le phénomène a pris de l’ampleur transformant la place publique en jeu de quilles, dissuadant les plus raisonnables de s’engager publiquement, et détournant une partie croissante de la population de la chose publique.

 Le phénomène a toujours existé : ces accusations ont conduit à la mort de Jésus. Tout au long de l’évangile, on cherche à le piéger. Un jour ses opposants ramassent des pierres pour le lapider, Jésus leur demande : Pour laquelle des œuvres de bonté que j’ai multipliées de la partdu Père est-ce que vous voulez me lapider ? Ils répondirent que c’était à cause de ce qu’il disait : « Tu n’es qu’un homme et tu te fais Dieu » (Jn 10, 32).

 La haine est une pieuvre, un monstre des profondeurs, dont un des bras est la jalousie. « Pilate savait que c’était par jalousie que les grands prêtres l’avaient livré » (Mc 15, 10).

 Un vieux proverbe, repris par Molière dans les Femmes savantes, dit que pour tuer son chien, il suffit de prétendre qu’il est enragé : « Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage » (« Et service d’autrui n’est pas un héritage » Acte 2, scène 5).

 C’est l’honneur de Nicodème dans l’évangile de saint Jean d’en appeler à la Justice, lorsque le Grand Conseil veut détruire Jésus. Les gardes envoyés l’arrêter reviennent bredouilles : « Jamais un homme n’a parlé comme cet homme ». Les pharisiens sont furieux : « Vous aussi, vous vous êtes laissé égarer ? Parmi les chefs du peuple et les pharisiens, y en a-t-il un seul qui ait cru en lui ? Quant à cette foule qui ne sait rien de la Loi, ce sont des maudits ! ». Nicodème s’interpose : « Notre Loi permet-elle de juger un homme sans l’entendre d’abord pour savoir ce qu’il a fait ? » (Jn 7, 51).

 C’est une scène à méditer. Le Chrétien ne hurle pas avec les loups. Ni contre les loups.

 Que faire quand une chasse à l’homme est lancée ? Quand on est pris dans la tempête ?

 La question nous intéresse dans l’Eglise dont la barque est souvent secouée, souvent à juste titre, et on aimerait que certains responsables relisent le livre de Jonas quand il dit aux autres matelots alors que le bateau est menacé : « Prenez-moi, jetez-moi à la mer, pour que la mer se calme autour de vous. Car, je le reconnais, c’est à cause de moi que cette grande tempête vous assaille » (Jonas 1, 12). On aimerait qu’ils aient le même sens du sacrifice.
Jésus est autrement plus sévère quand il dit de celui qui est un motif de scandale qu’il vaudrait mieux « qu’on lui attache au cou une meule en pierre et qu’on le précipite à la mer » (Lc 17, 2). 

Mais quand l’accusé est innocent ? 

Jésus devant Pilate gardait le silence.

Lui qui a intimé l’ordre au vent et à la mer de se calmer n’a pas empêché la foule de se déchaîner jusqu’à la mort. Dans la plus grande incohérence : Pharisiens, partisans d’Hérode collaboraient avec l’occupant romain tandis que les faux témoins n’arrivaient même pas às’accorder (Mc 14, 59).

Dans les tempêtes, il faut revenir au Christ, c’est-à-dire à la vérité.  

Se souvenir de ce qui fait le Chrétien : « Dans leur bouche on n’a pas trouvé de mensonge »(Ap 14, 5). Ce fut ma dernière recommandation aux fiancés cette année, sur la possibilité de crises et de tempêtes : Ne vous mentez jamais. C’est la seule façon de rester fidèle : on ne peut pas être infidèle sans mentir.

Dans l’évangile de la tempête apaisée, les disciples, dont certains étaient pourtant des marins, ont découvert, comme lors des pêches miraculeuses, qu’ils avaient beaucoup à apprendre de cet homme qui les avait appelés à sa suite : « Qui est-il donc pour que le vent et la mer lui obéissent ? ».
Dans l’évangile de saint Matthieu, où Jésus les rejoint en marchant sur la mer, et où Pierre essaye de l’imiter, une fois les deux montés à bord, « ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant Jésus et lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! » (Mt 14, 33).

 Il y a 125 ans, un écrivain du nom de Léon Bloy s’étonnait déjà « qu’à une époque où l’information méticuleuse est devenue la Sorcière du monde, il ne se trouve pas un individu pour donner aux hommes des nouvelles de leur Créateur ».

 Nous avons ces nouvelles à donner et elles sont enthousiasmantes : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ! ».
Ne craignez pas les tempêtes. « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme » (Mt 10, 28).

Notre Créateur est notre Sauveur !

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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