Journée mondiale de prière pour la paix
Dans les années 80, lorsque notre paroisse Notre-Dame de Compassion Porte des Ternes à Paris était encore une chapelle, elle est devenue paroisse en 1993, le chapelain de l’époque est allé voir Yves Saint-Laurent, Monsieur Saint-Laurent comme on l’appelle dans sa maison, pour lui demander de confectionner une robe pour la Vierge du Rocio. L’histoire raconte que c’est la maman d’Yves Saint-Laurent qui aurait emporté la décision de son fils en lui disant : ‘On ne peut rien refuser à la Vierge Marie’.
Nous la célébrons en ce 1er jour de l’année civile et dernier jour de l’octave de la Nativité comme la « Mère de Dieu ». Elle est « celle qui a engendré Celui qui l’a créée ». Elle est celle à qui personne, pas même Dieu ne peut rien refuser. Il a tellement confiance en elle.
Vierge Marie, nous te prions en ce jour pour toutes les personnes qui n’ont pas pu fêter Noël, qui avaient et ont encore hâte que ces fêtes se terminent, dont le cœur est si douloureux qu’ils ne peuvent pas vivre ce temps de joie et de fête.
Vierge Marie, c’est parce que tu es la Mère de Dieu, la Mère du Christ, le Prince-de-la-Paix (comme nous l’entendions dans la nuit de Noël) que ce jour est une Journée de prière pour la paix : tu sais mieux que quiconque que la paix est celle de notre cœur, toi à qui Syméon avait annoncé qu’un glaive te transpercerait le cœur (Lc 2, 35), et qui as vécu cette infinie douleur au pied de la Croix.
« Il me manque ». « Elle me manque ».
Ce cri de douleur dit la brûlure lancinante, permanente que ressentent en leur cœur ceux et celles qui ont perdu un être cher, et, avec lui ou avec elle, une partie d’eux-mêmes.
Il ou elle me manque.
Je pense aux personnes que j’ai reçues et accompagnées cette année, et tant d’autres encore, pour qui Noël n’est plus et ne sera jamais plus pareil.
Pour beaucoup, ce sentiment de vide, la douleur de l’absence est comme l’amour qui ne passe pas, qui ne disparaît pas.
Cependant, si ces séparations peuvent rester aussi douloureuses, elles peuvent également faire naître ou renaître en nous, raviver ou faire grandir le désir le plus profond de notre être : le désir de plénitude.
C’est pourquoi nous nous tournons vers toi Vierge Marie dont nous avons célébré au début du mois de décembre, ton plus beau titre, ton identité : tu es « pleine-de-grâce ».
Cette parole de l’Ange a convaincu le peuple chrétien, et plus tardivement les théologiens (c’est normal Seigneur, puisque « ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits »), que la Vierge Marie avait été de toute éternité préservée, ‘vierge’ de tout péché. Pleine de grâce, par son Immaculée Conception.
La Vierge Marie est le seul être humain, la seule créature humaine, depuis Adam et Eve, qui se soit approchée à ce point de l’Etre de Dieu. Plus que Moïse ou qu’Abraham, que Pierre ou que le disciple bien-aimé.
La plénitude est l’être de Dieu.
De grâce, n’entendez pas ‘pleine’ de Pleine de grâce comme dans l’expression « notre bouche était pleine de rires » (Ps 125), nos yeux pleins de larmes, ou notre cœur plein d’amertume. Ce n’est pas de ce ‘plein’ qu’il s’agit.
La plénitude de Dieu est l’amour, et il nous faut, à nous pécheurs, avoir éprouvé le manque, l’absence d’un être aimé, ce sentiment de vide, pour que re-naisse en notre âme le désir et la joie de son immensité, de sa présence. Que vienne la paix en notre cœur.
Comment faire ?
L’évangile rapporte que Marie « retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur ». Le verbe méditer désigne ici un travail d’assemblage, d’harmonisation, de compréhension par rapprochements et associations.
Le terme grec a donné ‘symbole’ en français, et le latin ‘conférer’ et ‘conférence’, c’est-à-dire réunir, rassembler de façon ordonnée, écouter et se laisser enseigner.
Pleine-de-grâce, Marie laissait le temps à son esprit de mettre en harmonie ce qu’elle voyait et entendait, avec cette différence par rapport à nous qu’elle était préservée de toute pensée hostile ou négative : son intelligence était toute entière au service de la paix.
Le vide laissé dans notre cœur par la disparition d’un être aimé est un espace qui nous est donné pour accueillir, dans le souvenir des jours heureux, la grâce de la plénitude d’amour de Dieu. Il nous a promis que, par son Fils Jésus-Christ, par Lui, avec Lui et en Lui, nous retrouverons ceux et celles que nous avons aimés.
Seigneur, viens apaiser notre cœur.
Vierge Marie, demande-lui, intercède, prie pour nous, toi qui nous comprends mieux qu’une mère son enfant.
On ne dira jamais assez l’intelligence de Marie, consacrée au service de l’amour et de la paix.
A qui Dieu lui-même ne peut rien refuser.
Père Christian Lancrey-Javal, curé
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