« Exultant de joie, vous puiserez les eaux aux sources du salut » (Is 12, 3). Ce verset du psaume de ce dimanche (que l’on chante également dans la Nuit de Pâques) est le titre de l’encyclique du Pape Pie XII sur le Cœur sacré de Jésus : Haurietis aquas in Gaudio publiée en 1956 pour le 100ème anniversaire de l’extension de la fête du Sacré Cœur à toute l’Eglise par le Pape Pie IX.
Exultant de joie, vous puiserez les eaux aux sources du salut !
Qui n’a jamais connu la soif ne peut saisir la force de cette promesse ! Soif d’être aimé ! Soif de notre amour crie Jésus sur la Croix : J’ai soif ! Mère Teresa voulait que cette parole soit inscrite au mur de chacune des chapelles de sa Congrégation.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice car ils seront rassasiés (Mt 5, 6).
A l’encyclique de Pie XII, le Pape François se réfère largement dans sa propre encyclique du 24 octobre dernier « sur l’amour humain et divin du cœur de Jésus-Christ », choisissant comme titre la phrase de saint Paul – Dilexit nos « Il nous a aimés » (Rm 8, 37), où Paul dit sa « certitude que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus » (Rm 8, 39).
Nous sommes unis à Lui pour toujours et cette communion est la cause de notre joie.
L’amour humain et divin du Cœur de Jésus-Christ.
C’est en réalité d’un « triple amour » dont il s’agit : « l’amour sensible du cœur physique de Jésus et son double amour spirituel, l’humain et le divin ».
C’est ce qu’écrivait Pie XII : « À la lumière de la foi, par laquelle nous croyons que les deux natures humaine et divine sont unies dans la personne du Christ, notre esprit est rendu capable de concevoir les liens très étroits qui existent entre l’amour sensible du cœur physique de Jésus et son double amour spirituel, l’humain et le divin » (cf. n. 66).
Il n’y a pas d’autre réponse à faire à ceux qui fantasment sur l’humanité de Jésus, lui prêtant amourettes ou liaisons féminines : « Ces trois amours ne sont pas des facultés séparées fonctionnant de manière parallèle ou sans lien, mais elles agissent et s’expriment ensemble en un flux constant de vie ».
Jésus ‘amoureux’ ! Comme si son cœur humain pouvait être distinct de son cœur divin ! Comme si le cœur de Dieu pouvait se diviser !
Le nôtre, oui. Notre cœur est divisé, de naissance, partagé, tiraillé entre l’appel de Dieu et ceux du monde et de nos désirs. « Le cœur de l’homme est compliqué et malade » dit le prophète Jérémie (Jr 17, 9), suivant cette traduction bien plus parlante que la nouvelle qui dit que « rien n’est plus faux que le cœur de l’homme, il est incurable ».
La Bible latine dont l’Eglise a vécu pendant des siècles disait « Pravum et inscrutabile ». On reconnaît le mot ‘dépravé’, ‘pravus’ signifiant défectueux, blessé, malade, et ‘inscrutabile’ comme en français, qui échappe à la connaissance humaine, trop compliqué pour notre intelligence.
Gardons : ‘compliqué et malade’. La question est : qui peut le guérir, le mettre en joie ?
De se sentir aimé ? Oui mais cela ne suffit pas. Vous savez à quel point il peut être terrible d’être aimé passionnément par quelqu’un que vous n’aimez pas plus que ça. Qui a cristallisé sur vous. Quand ce n’est pas réciproque. C’est la contrepartie de la célébrité, le harcèlement que connaissent les idoles médiatiques poursuivies par des fans (fanatiques) qui les adorent. C’est surtout la cause de tant de violences et de crimes passionnels.
Oui le cœur humain est compliqué et malade, quand il cherche sa satisfaction personnelle, sans se laisser éclairer et guider par l’Esprit Saint.
Ce 3ème dimanche de l’Avent est le dimanche de la joie grâce à Jean-Baptiste, le prophète ultime, dont le Christ dit que « parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que lui » (Mt 11, 11), « et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui », quand « les derniers seront premiers et les derniers seront premiers » (Mt 20, 16), tous à égalité dans le Christ.
Cependant, « parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean-Baptiste » qui a été le premier à montrer la Source du Salut : l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.
Cette image de la source est abondamment développée par le Pape François dans son encyclique, comme une des plus belles images de la joie et de la vie : elle porte en elle toute la force d’un jaillissement rafraîchissant et salvateur, aussi puissant que sera la rencontre du Christ pour ceux et celles qui l’auront cherché toute leur vie.
Souvenez-vous de ce jour de fête, où Jésus, debout dans le Temple de Jérusalem, s’est écrié : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! Comme dit l’Écriture : De son cœur couleront des fleuves d’eau vive » (Jn 7, 38). En disant cela, il parlait de l’Esprit Saint qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui.
Le jaillissement de la joie !
Père Christian Lancrey-Javal, curé
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