26ème dimanche du temps ordinaire - 29 septembre 2024

Mc 9, 38-43.45.47-48

 

Le 13 octobre 1884 au matin, il y aura 140 ans dans deux dimanches, le Pape Léon XIII avait célébré la messe et il en suivait une autre, une deuxième, en action de grâce, comme il faisait d’habitude. Tout à coup, il dresse la tête, fixe intensément quelque chose au-dessus du célébrant. Son teint change de couleur, les traits de son visage ne sont plus les mêmes. Comme retrouvant ses esprits, il se lève, part vers son bureau. Ses proches le suivent : “Que se passe-t-il, Saint-Père, ça ne va pas ? Vous avez besoin de quelque chose ?”. “Rien, rien”.
Une demi-heure plus tard, il fait appeler le secrétaire de la Congrégation chargée des rites, et lui tend un texte à envoyer à tous les évêques du monde : c’est une prière à Saint Michel Archange, dont le Pape demande qu’elle soit lue à la fin de chaque messe, et elle le sera pendant quatre-vingt ans (c’est dire le pouvoir du Pape à l’époque), jusqu’à l’instruction du Pape Paul VI du 26 septembre 1964 sur la mise en œuvre de la Constitution du Concile Vatican II sur la sainte Liturgie, qui indique au n. 48 : « En attendant que soit entièrement restauré l’Ordo de la messe, on observera déjà ce qui suit : … §10. On omet le dernier Evangile ; les prières de Léon XIII sont supprimées ».

Trente ans plus tard, en 1994, il y a trente ans, le Pape Jean Paul II déclarait : « Même si aujourd’hui cette prière n’est plus récitée à la fin de la célébration eucharistique, j’invite tout un chacun à ne pas l’oublier, mais à la réciter pour obtenir de l’aide dans son combat contre les forces des ténèbres et contre l’esprit de ce monde ».

Saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat ;
soyez notre secours contre la malice et les embûches du démon.
Que Dieu lui impose son pouvoir, nous vous en supplions.
Et vous, Prince de la Milice céleste, par la puissance divine,
repoussez en enfer Satan et les autres esprits mauvais
qui rôdent dans le monde pour perdre les âmes.

Le Pape François, le 29 septembre 2018, à la suite de sa ‘Lettre au peuple de Dieu’ du 20 août sur les abus sexuels dans l’Eglise, exhortait tous les fidèles catholiques à prier la Vierge Marie et à demander à saint Michel Archange de protéger l’Eglise de l’action du Diable, pour que l’Eglise « soit plus consciente de ses culpabilités, de ses erreurs, et des abus commis aujourd’hui et dans le passé ».

Pourquoi avoir enlevé de la messe cette prière à saint Michel ?

Le ‘Je confesse à Dieu’ de l’ancien Ordo de la messe comportait une double invocation à saint Michel : « Je confesse à Dieu tout-puissant, à la bienheureuse Marie toujours Vierge, à saint Michel Archange, à saint Jean-Baptiste, aux saints Apôtres Pierre et Paul, et à tous les saints, que j’ai beaucoup péché, par pensées, par paroles et par actions ».
« C’est ma faute, c’est ma faute, c’est ma très grande faute », et on reprenait : « C’est pourquoi je supplie la bienheureuse Marie toujours Vierge, saint Michel Archange, saint Jean-Baptiste, les saints Apôtres Pierre et Paul, et tous les saints, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu ».
Cette place de saint Michel Archange dans le rite pénitentiel révèle a contrario ce que nous devons savoir du Diable : il est sans pitié.

Qu’est-ce qui fait qu’une action est diabolique ? Ce n’est pas tant qu’elle nous éloigne de Dieu : nous y arrivons très bien tout seul, notre égoïsme suffit. Nous pouvons faire le mal sans y être poussé par le Diable : moins il en fait, plus il est content, il est très paresseux. Dans sa catéchèse de mercredi dernier, le Pape François disait que si « le démon est présent et actif dans certaines formes extrêmes et “inhumaines” de mal et de méchanceté que nous voyons autour de nous, il est en revanche pratiquement impossible d’arriver à la certitude, dans des cas individuels, qu’il s’agit bien de lui, puisque nous ne pouvons pas savoir précisément où s’arrête son action et où commence notre propre mal. C’est pourquoi l’Église est très prudente et très stricte dans l’exercice de l’exorcisme, contrairement à ce qui se passe dans certains films ».

Une des caractéristiques les plus nettes de l’action diabolique est l’absence de pitié.

L’abbé Pierre est un exemple terrible de double vie, de l’homme coupé en deux, faute d’avoir, pour reprendre les termes de l’Evangile, coupé avec le péché. Il était plein de sollicitude pour les pauvres en étant sans pitié pour les femmes qu’il a exploitées, chosifiées, sans pitié pour ceux et celles qui le croyaient honnête, qui lui faisaient confiance.
A quoi pensait-il quand il disait la prière à saint Michel Archange : Défendez-nous dans le combat ; soyez notre secours contre la malice et les embûches du démon ?

La double vie ! « Cœur double, lèvres menteuses ! » (Ps 11, 3). Je vous en supplie : si vous avez une double vie, arrêtez ! Par pitié pour ceux qui vous font confiance.

Ecoutez ce que dit l’Ecriture de l’impie ou du méchant : « il n’a pas un regard de pitié pour son prochain » (Pr 21, 10). Tandis que, au contraire, « le juste a pitié. Il donne » (Ps 36, 21). Et entendez l’avertissement : « Qui fait la sourde oreille à la clameur des faibles criera lui-même sans obtenir de réponse » (Pr 21, 13).

Le manque de compassion est une arme favorite du Diable pour faire perdre la foi.

Le diable est sans pitié.

Saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat ;
soyez notre secours contre la malice et les embûches du démon.
Que Dieu lui impose son pouvoir, nous vous en supplions.
Et vous, Prince de la Milice céleste, par la puissance divine,
repoussez en enfer Satan et les autres esprits mauvais
qui rôdent dans le monde pour perdre les âmes.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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