21ème dimanche du temps ordinaire - 25 août 2024

Jn 6, 60-69

 

Nous connaissons mieux la profession de foi de Pierre telle qu’elle est rapportée par les autres évangélistes, à Césarée de Philippe, quand Jésus demande à ses disciples : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre, prenant la parole, lui dit : « Tu es le Christ » (Mc 8, 19). Nous l’entendrons dans trois dimanches, le 15 septembre. Ici, chez saint Jean, la question est différente, Jésus demande aux Douze s’ils veulent partir, « vous aussi ? ». Simon-Pierre lui répond : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu » (Mc 6, 69). C’est magnifique.

La profession de foi que nous ferons dans quelques instants, tous ensemble, est plus étoffée : elle ne concerne pas seulement le Christ, mais la Trinité toute entière, Père, Fils et Saint Esprit ; elle a pourtant la même caractéristique, d’être une réponse à la Parole de Dieu et c’est pourquoi elle se situe à cet endroit de la Messe, à la fin de la Liturgie de la Parole, après l’écoute des textes et le commentaire de l’homélie. Elle est une réponse et elle est une prière.

Le Credo est une prière. Sinon, il ne ferait pas partie de la messe : toutes les composantes de la messe sont des prières. Même la quête ? Oui. Ce n’est pas une aumône. Nous le verrons au 2ème dimanche de novembre, dont l’évangile sera l’obole de la veuve qui donne toute sa confiance.

Le Credo est une prière qu’il faudrait pouvoir réciter non pas mécaniquement mais en pensant à ce que nous disons et à qui nous nous adressons. On me demande souvent pourquoi le prêtre lit le Missel et ne récite pas les paroles que depuis le temps il devrait connaître par cœur ? Justement pour que la récitation ne soit pas mécanique. Si cela peut vous aider, prenez un missel quand vous êtes seul ou même à la messe pour prier le Credo « de tout notre cœur, de toute de notre âme, et de tout notre esprit », comme je l’évoquais dimanche dernier, d’autant que ces trois termes correspondent aux « trois expressions majeures de la vie de prière : la prière vocale, la méditation, l’oraison » (CEC 2699).

Vous lirez si vous le souhaitez, dans la 4ème partie du Catéchisme consacrée à la prière, le début du Chapitre troisième sur la Vie de Prière sur ces trois expressions majeures que la tradition chrétienne a retenues : la prière vocale, la méditation, l’oraison (CEC 2700 et suivantes).

La prière vocale est la prière de tout notre corps, de tous nos sens, de tout notre être : c’est la profession de foi de Pierre. Sa réponse inspirée par Dieu lui fait reconnaître en Jésus le Saint de Dieu, Dieu lui-même, Dieu seul est Saint, et donc son Envoyé, Jésus Christ. « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas », lui répond Jésus dans l’évangile de saint Matthieu, « ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux » (Mt 16, 17).

Le propre de la prière est d’être inspirée par Dieu. Elle est un don de Dieu dit le Catéchisme qui la définit comme « l’élévation de l’âme vers Dieu ou la demande à Dieu des biens convenables », les deux se rejoignant évidemment (le Catéchisme reprend ici une définition de saint Jean Damascène, mort en 749 près de Jérusalem, CEC 2559).

La prière est l’élévation de l’âme vers Dieu ou la demande à Dieu des biens nécessaires à notre Salut.

On pourrait dire aussi qu’elle est soit une réponse à son appel (ici pour Pierre sa réponse à une question précise), soit une réponse donc, soit une demande : en tout cas une relation personnelle, vivante, profonde et engageante, un dialogue qui prend l’une ou l’autre de ces trois formes : la prière vocale, la méditation, l’oraison.

Oserai-je dire que si la prière vocale est la prière de tout notre corps, y compris de l’assemblée, le Corps de l’Eglise, parce que « c’est par des paroles, mentales ou vocales, que notre prière prend corps », la méditation, elle, est l’œuvre et l’écoute de l’Esprit-Saint dans notre esprit : elle est « une recherche priante qui met en œuvre la pensée, l’imagination, l’émotion, le désir ». Elle s’appuie sur la Parole de Dieu, l’Ecriture sainte, pour connaître Dieu, en confrontant ce que nous savons et apprenons de Lui à la réalité de notre vie.

La méditation de la Parole de Dieu est un travail intérieur où nous laissons l’Esprit Saint éclairer les événements que nous vivons, présents et de notre histoire, pour trouver notre chemin. D’où la réaction de Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous ? ». A laquelle Jésus donnera la réponse la plus accomplie : Moi, Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie.

Si la prière vocale est la prière du corps, si la méditation est la prière de l’esprit, l’oraison, la 3ème expression majeure de la vie chrétienne de prière, est la prière de l’âme, la prière la plus intime, le regard de foi fixé sur Jésus, un « amour silencieux » disait saint Jean de la Croix.

Le Psaume 130, un des plus courts et faciles à apprendre, l’exprime de façon extraordinaire : « Seigneur, je n’ai pas le cœur fier ni le regard ambitieux ; je ne poursuis ni grands desseins, ni merveilles qui me dépassent. Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse ; mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère. Attends le Seigneur, Israël, maintenant et à jamais ».

Dans quelques instants, nous allons réciter ou plutôt prier le Credo : le Credo est une prière.
Puissions-nous le vivre comme la prière vocale de notre cœur, unis les uns aux autres pour nous unir à Dieu.
Chacun pourra plus tard prendre le temps d’en méditer une des phrases qui aura davantage résonné en son esprit.
Et puis n’ayez pas peur de l’oraison, de découvrir comment, en reconnaissant en Jésus le chef et la perfection de notre foi (cf. He 12, 2), nous aurons l’âme en paix, en vivant comme les Apôtres les moments les plus intenses de notre vie. Garde mon âme dans la paix près de toi Seigneur.

Le Credo est une prière.

Je crois en Dieu, le Père tout-puissant,
créateur du ciel et de la terre.
Et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur,
qui a été conçu du Saint Esprit,
est né de la Vierge Marie,
a souffert sous Ponce Pilate,
a été crucifié, est mort et a été enseveli,
est descendu aux enfers,
le troisième jour est ressuscité des morts,
est monté aux cieux,
est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant,
d’où il viendra juger les vivants et les morts.
Je crois en l’Esprit-Saint,
à la sainte Église catholique,
à la communion des saints,
à la rémission des péchés,
à la résurrection de la chair,
à la vie éternelle. Amen

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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