Dimanche de la Sainte Trinité - 26 mai 2024

Mt 28, 16-20

 

S’il restait de la place sur les murs extérieurs de l’église Notre-Dame de Compassion, les trois murs d’enceinte extérieure à la Chapelle, sur lesquels ont été écrits successivement : « Aimez-vous les uns les autres », puis : « C’est la miséricorde que je veux dit Jésus », et enfin : « Dieu est Amour » – s’il y avait une 4ème parole à porter, nous venons de l’entendre : « Baptisez-les ! ».
« Baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ! ».
C’est l’ultime commandement du Christ.
Le Catéchisme l’intitule : La nécessité du baptême.
Le Baptême est nécessaire pour le Salut. Le Seigneur lui-même l’a affirmé : « En vérité, en vérité, je vous le dis : personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu » (Jean 3, 5).
Jésus a commandé à ses disciples d’annoncer l’Évangile et de baptiser toutes les nations. Le Baptême est nécessaire au Salut pour ceux auxquels l’Évangile a été annoncé et qui ont eu la possibilité de demander ce sacrement : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné » (Marc 16, 16).

L’Église ne connaît pas d’autre moyen que le baptême pour assurer l’entrée dans la vie de Dieu. Cela ne veut pas dire qu’il n’en existe pas d’autre : cela veut dire que nous n’en connaissons pas d’autre. « Dieu a lié le Salut au sacrement du Baptême, mais il n’est pas lui-même lié à ses sacrements » (Catéchisme de l’Église Catholique CEC 1257).

« Baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ».

Voilà trois raisons de baptiser ses enfants, si vous voulez les retrouver après votre mort (c’est pourquoi les grands-parents y sont plus sensibles qui s’en rapprochent inéluctablement).

La première raison, qui fait que tant de parents pourtant eux-mêmes baptisés le négligent, car c’est de la négligence, est que Dieu est la source.
Tout vient de Lui. Notre vie ne vient pas de nos parents : c’est par abus de langage que nous disons qu’ils nous ont donné la vie. Ils nous ont donné bien des choses mais la vie vient de Dieu. Vous avez un seul Père dit Jésus.
J’ai tellement vu de parents qui faisaient croire à leurs enfants qu’ils étaient les auteurs de ce qu’ils leur donnaient, qui ne leur disaient pas ce qu’ils avaient reçu du pays qui nous a vu naître et grandir, ce qu’ils avaient reçu et continuaient de recevoir de leurs propres parents, grâce à qui ils pouvaient se loger, leur payer des études, les emmener en voyage : ils s’en attribuaient, par omission, le mérite.
Ils n’avaient pas la simplicité de dire : c’est grâce à ceux qui nous ont précédés, grâce aux générations passées que nous pouvons vous combler : nos seules forces n’y suffiraient pas.
Ils avaient peur de quoi ? Ils croyaient quoi ? Que leurs enfants les aimaient pour leur argent ?
L’adulte qui demande le baptême et se fait baptiser au nom du Père – l’a compris : Tout vient de Dieu. La vie est un don de Dieu.
Et c’est très libérant de ne pas se charger d’une responsabilité qui n’est pas la nôtre. Libérant pour soi comme pour les enfants qu’il s’agit de conduire à la liberté.

La deuxième raison de la nécessité du baptême tient à ce qu’il faut connaître et enseigner : apprenez-leur dit Jésus à observer tout ce que je vous ai commandé.
Que faut-il apprendre à ses enfants ? A prier et à aimer.
C’est ce que le Christ nous commande : priez le Père. Demandez et vous recevrez. Priez surtout au sens de : écoutez ! C’est le premier commandement : Ecoute Israël. Le Christ Jésus prie, en sa divinité, parce qu’il est Dieu, autant qu’en son humanité. L’Esprit prie en nous, et en Lui. Le Père prie parce que la prière est divine, l’être même de Dieu. Dieu a prié son Fils de se faire homme, le Père et le Fils ont prié l’Esprit de nous apprendre à prier.
La prière est la seule arme efficace face au mal, qu’il soit physique, la souffrance, métaphysique, la mort, moral, la violence ou l’offense. La prière transforme l’amour en compassion, en espérance et en pardon.
Si déjà, parents, vous enseignez cela à vos enfants, en leur donnant l’exemple, alors ils sont armés pour la vie, car la vie est immense et pleine de dangers.

La troisième raison pour laquelle parents vous devez baptiser vos enfants est que vous ne serez pas toujours avec eux. Ils devront tôt ou tard affronter la solitude, et leurs forces dépendront de la vie intérieure que vous les aurez aidé à développer, surtout dans la solitude de l’abandon : quand ceux sur qui on comptait ne sont pas là. Que feront-ils à ce moment-là ? Est-ce que vous pensez que vous serez encore là et que vous pourrez encore leur venir en aide ? Le seul qui pourra les sauver du désespoir et de la mort éternelle, c’est le Christ et l’Esprit-Saint. « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ».

Le baptême est le don de la foi ; il est aussi le don de l’espérance dont le signe le plus quotidien est la patience (« Dieu qui donnes la preuve suprême de ta puissance quand tu patientes »), la patience qui grandit en s’exerçant.
L’amour augmente en se donnant. Au contraire d’un capital qui se réduit quand on le dépense. Plus vous donnez d’amour, plus vous en avez à donner, c’est l’être même de Dieu Trinité.

L’amour et la vie ne sont pas des ‘peaux de chagrin’. C’est le titre d’un livre de Balzac qui raconte un pacte avec le diable : « Le cercle de vos jours, figuré par cette Peau, se resserrera suivant la force et le nombre de vos souhaits, depuis le plus léger jusqu’au plus exorbitant ». Cette peau de chagrin est le symbole de la vie charnelle, qui a le pouvoir d’exaucer tous les désirs, mais chaque désir exaucé en diminue la taille.

On ne peut pas sauver sa peau ; on peut sauver son âme.

J’ai eu une sueur froide en pensant à la lenteur de ma conversion, à la récurrence de mes péchés : est-ce que Dieu allait un jour perdre patience ? Est-ce que Dieu pourrait perdre patience avec nous, avec le monde ? Il a promis de ne pas le détruire, mais va-t-il laisser l’humanité s’autodétruire ? Non parce que sa patience, infinie, vient de sa vie intérieure, des relations des trois personnes de la Trinité. Manquer de patience, c’est manquer de vie intérieure, la vraie, avec le Père et le Fils et le Saint-Esprit.

Baptisez-les !

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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