Quand sainte Monique s’inquiétait pour son fils Augustin, comme on aimerait que beaucoup de mères s’inquiètent du salut de leur âme, de leur santé religieuse, de leur relation à Dieu, elle est allée voir l’évêque de Milan saint Ambroise pour qu’il remette son fils sur le bon chemin.
« Il refusa, sagement en vérité, je le compris plus tard (saint Augustin donne le récit dans les Confessions). Il répondit que j’étais encore incapable d’être éclairé. ‘Mais, dit-il, laisse, prie seulement le Seigneur pour lui’. Comme elle insistait, suppliait, redoublait ses larmes, lui, un peu gagné déjà par l’impatience et l’ennui, répondit : ‘laisse ; aussi vrai que tu vis, il ne peut se faire que le fils de ces larmes périsse !’. Elle accueillit cette parole comme si elle eût retenti du haut du ciel. »
‘Laisse’ ne veut pas dire : laisse courir, laisse tomber, ni pense à autre chose. Cela veut dire : Confiance ! Aie confiance en la Providence et prie ! Laisse les façons humaines et prie pour lui : rejoins-le là où Dieu lui parle, dans le secret de son cœur. Il sait ce que tu penses : respecte sa vie intérieure, le sacré de son âme, le sanctuaire de son cœur qui est un cœur à cœur avec Dieu. Respecte sa liberté intérieure.
Saint Ambroise avait un avantage : ses parents n’étaient pas chrétiens. Et, malgré ses études et ses talents, il était humble et l’est resté au point d’avoir une demi-fête le 7 décembre puisque les messes du soir sont déjà celles du 8 (comme saint Maximilien Kolbe le 14 août).
Sainte Monique a pleuré pour la conversion de son fils et eut la joie de voir ses prières exaucées. Elle est partie en paix comme le vieillard Syméon : maintenant Seigneur tu peux laisser ton serviteur s’en aller dans la paix.
Pour sa fête le 27 août, l’Eglise reprend ses dernières paroles : ‘Mon fils, pour moi, il n’y a plus rien qui me donne du plaisir en cette vie. Qu’y ferais-je maintenant ? Pourquoi y suis-je encore ? Je ne le sais pas. Une seule chose me faisait désirer de m’attarder dans cette vie quelque temps encore, c’était de te voir, avant ma mort, chrétien catholique. Dieu m’a plus que comblée sur ce point. Qu’est-ce que je fais ici ?’.
Quelques jours après, elle se mit au lit avec la fièvre. Nous voyant accablés de tristesse, elle dit : Vous enterrerez ici votre mère. Je me taisais dit Augustin en retenant mes larmes. Mon frère lui dit qu’elle ne devait pas souhaiter mourir à l’étranger mais dans sa patrie. En l’entendant, ma mère eut le visage anxieux et s’adressant à nous deux : ‘Enterrez mon corps n’importe où ; que cela ne vous donne aucun souci. Je vous demande seulement de vous souvenir de moi à l’autel du Seigneur, partout où vous serez’
Bien sûr qu’il est bon d’aller se recueillir sur la tombe des personnes qu’on aime, et c’est ce que nous faisons en ce week-end de la Toussaint en allant au cimetière. En cas d’incinération, l’Eglise demande que les cendres ne soient pas dispersées mais placées dans un cimetière ou un colombarium pour qu’il y ait un lieu où venir se recueillir, avec les autres, que la prière soit unie et ouverte aux autres familles endeuillées. Ce lieu par excellence est l’église : ‘Je vous demande seulement de vous souvenir de moi à l’autel du Seigneur, partout où vous serez’.
Dans chaque église et dans chaque autel se trouve une pierre d’autel avec des reliques des Saints. La prière eucharistique nous fait invoquer leur intercession : « Sur nous tous enfin, nous implorons ta bonté : permets qu’avec la Vierge Marie, la bienheureuse Mère de Dieu, avec saint Joseph, son époux, avec les Apôtres et les saints de tous les temps qui ont vécu dans ton amitié, nous ayons part à la vie éternelle, et que nous chantions ta louange, par Jésus Christ, ton Fils bien-aimé ».
Les « saints de tous les temps qui ont vécu dans ton amitié » : ils sont les amis du Christ. Ils sont entrés, dit le Canon romain, « dans la joie, la paix et la lumière : « avant même leur réunion avec leur corps et avant le jugement général, ils voient la réalité divine en vision directe et en face-à-face, sans médiation d’une créature » (Bulle dogmatique Benedictus Deus du 29 janvier 1336 du pape Benoît XII). Avec les Anges, ils chantent la louange de Dieu. Comme les Anges, ils montent et descendent à travers les cieux ouverts (cf. Gn 28, 12. Jn 1, 51) : ils montent nos prières auprès de Dieu et font descendre sur nous grâces et bénédictions.
Nous savons qu’ils sont vivants par les miracles qui leur sont attribués, signe que le Saint est auprès de Dieu et actif auprès de nous : il est donc Vivant. C’est la définition de la vie : avec Dieu et avec nous, rien de moins.
L’ordre exact est celui du signe de croix : chanter la louange de Dieu ; être ami du Christ ; venir en aide à nos frères. Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Amen !
Père Christian Lancrey-Javal, curé
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