L’évangile de saint Matthieu apporte une précision magnifique sur le témoignage que nous avons à donner face aux oppositions à Jésus : « Ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous » (Mt 10, 20). Telle est en effet l’image la plus aboutie de l’Esprit-Saint dans l’Ecriture : la voix intérieure, de la conscience.
La première image de l’Esprit Saint dans la Bible et dans la représentation courante est la colombe qui revient annoncer à Noé la fin du déluge, le retour de la vie. Noé offrit un sacrifice au Seigneur. Le Seigneur respira l’agréable odeur et fit cette promesse : « Jamais plus je ne maudirai le sol à cause de l’homme : le cœur de l’homme est enclin au mal dès sa jeunesse, mais jamais plus je ne frapperai tous les vivants comme je l’ai fait » (Gn 8, 21). L’Esprit Saint est la voix de la paix. Il est céleste et aérien : au premier instant de la Création, alors que la terre était informe et vide, et les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme, l’Esprit de Dieu « au-dessus des eaux » faisait le lien entre la terre et le ciel.
La deuxième image de l’Esprit-Saint est le feu, quand est scellée l’Alliance avec Abraham, alors qu’au coucher du soleil un sommeil mystérieux s’était emparé de lui ainsi qu’une sombre et profonde frayeur : « un brasier fumant et une torche enflammée passèrent entre les animaux du sacrifice ». C’est avec Moïse au Buisson ardent que l’Esprit-Saint se révèle comme le feu de l’amour, un feu qui ne consume pas et ne détruit pas.
Après la colombe et le feu, la troisième image de l’Esprit est l’huile, onction de douceur et de gloire : cette huile est versée à trois reprises sur la tête de David pour le consacrer comme roi. Elle ne suffira pas pour le garder du péché. David n’a pas construit pas le Temple, parce qu’il avait trop de sang sur ses mains : ce sera son fils Salomon, qui se laissera pourtant séduire par des femmes et des divinités étrangères, mais que Dieu épargnera à cause de David, son bien-aimé.
La quatrième figure de l’Esprit-Saint est le souffle, qui donne vie, la vie éternelle à nos corps mortels, puisque c’est ainsi que nous avons été créés, quand Dieu a modelé l’homme avec la poussière tirée du sol, et qu’il a insufflé son Esprit-Saint dans le grand singe que nous étions, nous donnant une âme immortelle. L’Esprit s’est vraiment révélé comme le souffle en s’éloignant du fracas de la tempête, pour habiter la douceur, le murmure d’une brise légère qui signale au prophète Elie la présence de Dieu (1 R 19, 12). Elie se couvrit le visage avec son manteau, symbole de son humanité, et il sortit pour entendre la voix du Seigneur.
Un cinquième signe de l’Esprit-Saint est l’Ange du Seigneur qui apporta à Marie l’annonce et la joie de notre Salut. L’Ange du Seigneur est le nom que nous donnons à l’Esprit-Saint dans la 1ère prière eucharistique, quand nous demandons que nos offrandes « soient portées par les mains de ton saint Ange en présence de ta gloire, sur ton autel céleste ». Cet Ange du Seigneur, l’Esprit-Saint, se manifeste tout au long de la Bible, pour montrer le chemin lors de l’Exode, pour délivrer Pierre et Paul en prison dans les Actes des Apôtres.
La colombe, le feu, l’huile, le souffle, l’ange, ces images s’entrecroisent puisque la colombe de la paix revient avec un rameau d’olivier qui figure l’huile sainte, ou encore, dans le livre de Daniel, l’Esprit est à la fois le feu qui ne consume pas, le souffle de fraîcheur et l’ange qui marche avec les trois enfants au milieu de la fournaise. Le roi stupéfait dit à ses conseillers : « Nous avons bien jeté trois hommes, ligotés, au milieu du feu ? ». « Assurément, ô roi ». « Eh bien moi, je vois quatre hommes qui se promènent librement au milieu du feu, parfaitement indemnes, et le quatrième ressemble à un être divin » (Dn 3). Et le roi de bénir Dieu qui a envoyé son ange pour délivrer ses serviteurs ! Ils ont mis leur confiance en lui, ils ont livré leur corps plutôt que de servir et d’adorer un autre dieu que leur Dieu ».
Ce feu qui ne consume pas est un feu purificateur qui rend l’âme pure comme l’or passé au feu du creuset (1 P 1, 7). Ce sont les deux couleurs de l’Esprit-Saint, les couleurs de l’automne, l’or et le feu, l’or pur de la douceur de Dieu dans l’huile des sacrements et le rouge feu du sang du martyre au nom de Jésus-Christ.
Ce que les prophètes ont vécu, les sages l’ont enseigné : « Mon fils, si tu viens te mettre au service du Seigneur, prépare-toi à subir l’épreuve ; fais-toi un cœur droit, et tiens bon. Les adversités, accepte-les ; car de même que l’or est vérifié par le feu, les hommes agréables à Dieu le sont au creuset de l’humilité. Dans les maladies comme dans le dénuement, aie foi en lui, mets ta confiance en lui, et il te viendra en aide ; rends tes chemins droits et mets en lui ton espérance » (Si 2, 1 …).
Ne croyez pas qu’il faille attendre le don de la Loi à la Pentecôte, le retour à la vie à Pâques et au printemps : l’automne est tout autant le temps de l’Esprit. Quand les arbres et la verdure des forêts se revêtent de couleurs rouge et or, que tombent leurs feuilles à l’image de ce que nous devons oublier, quitter, et même rejeter pour vivre en Dieu, de son Esprit.
Père Christian Lancrey-Javal, curé
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