Comment savons-nous que Dieu est Trinité ? Père, Fils et Saint-Esprit, un seul Dieu en trois personnes ?
Parce qu’il l’a lui-même révélé.
Nous en avons une magnifique expression dans la Préface de cette Messe, dont nous pourrions faire une de nos prières d’adoration :
« Seigneur, Père très saint,
Dieu éternel et tout-puissant,
Avec ton Fils unique et le Saint-Esprit, tu es un seul Dieu,
tu es un seul Seigneur,
non pas en une seule personne,
mais une seule substance en trois personnes.
Ce que nous croyons de ta Gloire,
parce que tu l’as révélé,
nous le croyons pareillement, et de ton Fils et du Saint-Esprit ;
et quand nous proclamons notre foi au Dieu éternel et véritable,
nous adorons en même temps chacune des personnes,
dans leur unique nature et leur égale majesté ».
Magnifique !
Nous croyons, Seigneur, que tu es Trinité « parce que tu l’as révélé ».
Notre religion, la religion chrétienne est une religion révélée. Qui appelle trois remarques : cela a pris du temps. C’est une longue histoire qui s’est étendue sur des centaines et des centaines d’années, qui ont donné lieu à ces dizaines de livres qui constituent la Bible, transmis et écrits par une myriade d’auteurs sacrés. Immense, cette histoire sainte forge notre identité de croyants. On peut croire en Dieu sans le connaître, être ‘déiste’, naturellement, sans le connaître ni l’aimer.
Dieu s’y est révélé comme un Père « tendre et miséricordieux », le seul Père digne de ce nom. « Ne donnez à personne sur terre le nom de père » dit Jésus (Mt 23, 9), car Lui seul est « plein d’amour et de vérité ». N’abandonnant jamais son peuple, l’histoire sainte révèle sa fidélité : même quand nous sommes infidèles, lui reste fidèle car il ne peut se renier lui-même.
Cette Révélation s’est accomplie en son Fils Jésus-Christ, comme il l’avait promis : annoncé par les prophètes, le Christ est le Révélateur du Père, et c’est par lui, grâce à lui, que nous savons de quel amour nous sommes aimés, jusqu’à mourir pour nous, et ressusciter. Plus rien ne sera substantiellement modifié, ni ajouté ni retranché : cette Révélation est définitive. Jésus Christ est le même, hier et aujourd’hui, il l’est pour l’éternité (He 13, 8). Mes amis, « ne vous laissez pas égarer par toutes sortes de doctrines étrangères » (He 13, 8). Le Christ est l’unique Médiateur, nul ne va au Père sans passer par Lui.
Le temps que nous vivons à présent, depuis son Ascension à la Droite du Père, est le temps de l’Eglise ou le temps des Nations. Le temps pour nous d’aller et de porter du fruit, de proclamer l’Évangile à toute la Création (Mc 15, 16), c’est-à-dire l’amour, l’être et la substance même de Dieu, son honneur et sa gloire. A lui, tout honneur et toute gloire. Nous l’avons chanté en entrée : Gloire à Toi, ô Dieu notre Père, à Toi, Jésus Christ, venu nous sauver, à Toi, Esprit de lumière, Trinité bienheureuse, honneur et gloire à toi !
C’est lors de son envoi aux Nations que l’Eglise a créé le mot Trinité, qui est un outil de langage pour communiquer, délimiter et expliciter notre prière et notre foi : c’est à ces trois personnes et uniquement à elles trois que va notre adoration, l’obéissance de la foi. « À Dieu qui révèle est due l’obéissance de la foi » (Dei Verbum, n. 5). Il n’y a pas d’autre nom sur terre ni sous le ciel que nous puissions adorer ni qui puisse nous sauver (cf. Ac 4, 12), que celui du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Trinité exprime leur absolue unité : Dieu unique, disait Tertullien, car Dieu uni, Dieu uni en lui et Dieu unit à Lui, par la foi, l’espérance et la charité.
Si c’est par le Fils que le Père s’est révélé, c’est par l’Esprit que nous sommes unis à Lui. La grande Nouvelle de la Révélation est que Dieu, avant de se donner à nous en Jésus-Christ, a insufflé en nous son Esprit, à la Création. Telle est la volonté du Père, son dessein bienveillant, qu’en imitant son Fils, nous participions à sa Vie. Les Anciens concluaient ainsi leur louange : Gloire au Père, par le Fils, dans l’Esprit.
Mes amis, voudriez-vous, ces jours-ci, regarder comment vous vivez ces trois domaines que j’ai évoqués :
Comment est-ce que vous continuez à progresser dans la connaissance de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, dans la façon dont il s’est révélé et dont il ne cesse de se manifester par toutes les figures de Sainteté ?
Quelle oreille, quel crédit prêtez-vous à ceux qui voudraient que l’Eglise ‘change’, se soumette à son époque, tous ceux qui ne veulent pas croire que le chemin vers Dieu n’a pas changé qui passe par la conversion de notre cœur ?
Quel exemple donnons-nous dans la mise en pratique des commandements que le Christ nous a donnés, qui rende crédible et vivante l’annonce de son Amour ?
Après avoir fêté à la Pentecôte le caractère définitif de la Révélation, nous fêterons dimanche prochain le Saint-Sacrement où Dieu se donne Corps et Sang à ceux qui ont reçu le baptême d’eau et d’Esprit, qui croient que Jésus est le Fils de Dieu, comme dit saint Jean, « ils sont trois qui rendent témoignage, l’eau et le sang et l’Esprit, et les trois n’en font qu’un » (1 Jn 5, 8).
J’avais un confrère qui bénissait chaque personne qui venait communier en traçant sur elle le signe de la croix avec l’hostie consacrée (au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit) avant de convoquer sa foi : « Le Corps du Christ ». Amen ! Je crois.
Evidemment ça ralentit un peu, mais c’est exactement cela que nous adorons dans la Sainte Trinité : la Communion au Père par le Fils dans l’Esprit.
Père Christian Lancrey-Javal, curé
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