Dimanche de Pâques - 20 avril 2025

Jn 20, 1-9

Entre les deux récits de la Création qui ouvrent la Bible, les deux premiers chapitres de la Genèse, l’Eglise a choisi le premier comme première lecture des sept lectures de la Nuit pascale, d’autant qu’il donne la clé de la Résurrection comme mystère de communion : la mort étant la séparation de l’âme et du corps, la séparation de la personne et de ses proches, la résurrection les réunit à Dieu et en Dieu parce que Dieu est Trinité et Dieu est Communion. Quand « Dieu créa l’homme, il le créa à son image, il les créa homme et femme » (Gn 1, 27), pour que nous soyons en communion avec lui et entre nous.

En communion ou en harmonie : la communion est harmonie.

Le 2ème récit dit comment Dieu nous a créés à son image : après avoir modelé l’homme de la glaise du sol (cela a pris des millions d’années depuis les premiers hominidés, cela s’appelle l’évolution), il insuffla en lui son esprit (Gn 2, 7), esprit d’intelligence et de sagesse, esprit de science et de conscience, esprit surtout de dialogue, car c’est à cela que sert l’intelligence : à se parler, communiquer, à prier, dialoguer, délibérer comme Dieu lui-même dit : « Faisons l’homme à notre image » (Gn 1, 26) où ce pluriel (‘faisons’) dit l’Être absolu de relations en Dieu, en son sein, au sein de Dieu : Dieu est unique, Dieu est relation.

Cet esprit de Dieu ne nous est pas insufflé au moment de la sortie du ventre de notre mère : s’il en était ainsi, les sages-femmes seraient de saintes femmes ! C’est dans l’instant de notre conception que nous sommes créés âme, corps et esprit. Ame et corps comme toute créature, esprit de prière, de connaissance et d’amour de Dieu.

Si notre corps est mortel, par l’esprit de Dieu, notre âme ne l’est pas. Et le 2ème texte de la nuit de Pâques reconnaît en Abraham notre père dans la foi, le premier à avoir cru en la Résurrection : « Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve, Abraham offrit Isaac en sacrifice. Il pensait en effet que Dieu est capable même de ressusciter les morts ; c’est pourquoi son fils lui fut rendu : il y a là une préfiguration » (He 11, 19).

Quelle force de volonté Abraham a eue pour partir sacrifier son fils ! Sa confiance est le 2ème signe de la présence de Dieu en nous : la façon dont notre volonté peut être guidée par l’Esprit Saint, l’intelligence de Dieu : la volonté en soi n’est rien sans la volonté de Dieu. Non pas ce que je veux, Seigneur, mais ce que tu veux.

Et l’une et l’autre, l’intelligence et la volonté ne sont rien sans la mémoire de ce que Dieu a fait pour nous depuis la Création, sans le souvenir vivant de son action, et c’est pourquoi le 3ème texte de la nuit de Pâques est le récit de la sortie d’Egypte, la traversée des eaux de la mort, la libération de l’esclavage et du péché.

Voilà le signe de la présence de Dieu en nous, dans la relation harmonieuse entre intelligence, mémoire et volonté. L’intelligence qui écoute et s’engage parce que nous sommes des êtres de dialogue, la volonté de servir et non de dominer, et la mémoire pour ne pas oublier que nous sommes des créatures temporelles que Dieu appelle à l’éternité.

Intelligence, mémoire, volonté, en harmonie ou communion, voilà ce qui fait que l’esprit humain est à l’image de la Trinité.

Après ces trois premières lectures de la nuit de Pâques, l’Eglise propose quatre passages des prophètes pour composer une sorte de septénaire de lecture, comme les sept cents ans entre les premiers prophètes et Jean-Baptiste, le dernier des prophètes, le Précurseur du Christ qui accomplit ce que le prophète Ezéchiel avait annoncé : « Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés ; de toutes vos souillures, de toutes vos idoles, je vous purifierai. Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’ôterai de votre chair le cœur de pierre, je vous donnerai un cœur de chair ».

Le cœur de chair est un cœur intelligent qui écoute et qui parle (‘du fond du cœur’), un cœur bienveillant, plein d’émotions, un cœur qui se souvient, en un mot un cœur humain.

Il est dans sa perfection le cœur sacré de Jésus, doux et humble de cœur, ce cœur transpercé sur la Croix, dont il est sorti du sang et de l’eau, les sacrements de l’Eglise.

En Lui repose la plénitude de l’Esprit-Saint qui l’a ressuscité des morts : c’est l’Esprit du Père qui a ressuscité le Christ. C’est Dieu qui en Jésus est ressuscité, et c’est pourquoi apparaissant à ses disciples, comme nous l’entendrons dimanche prochain, il peut les unir à lui en disant : Recevez l’Esprit-Saint.

C’est l’Esprit-Saint qui nous unit au Christ, qui nous baptise dans sa mort et sa résurrection, nous confirme comme ses enfants, pour que nous communiions et vivions par Lui, avec Lui et en Lui, et en harmonie.

Pâques est la révélation suprême de la Trinité : le lien filial au Père, la force de l’Esprit, le lien au Christ par l’Eucharistie. Par sa Résurrection, nous entrons dans sa Communion, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit !

Qui sait si ce n’est pas au matin de Pâques que fut tracé pour la première fois par un Chrétien le signe de la croix, quand le disciple que Jésus aimait entra dans le tombeau, « lui qui était arrivé le premier au tombeau : Il vit, et il crut » : au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit !

Quand j’ai quitté mon travail appelé par le Christ, mon accompagnateur m’a envoyé à l’autre bout du monde faire l’expérience d’une Eglise jeune, pauvre, vivre avec d’autres futurs séminaristes, et j’ai appris d’eux la force des gestes simples de la foi de tous les jours : ils se signaient d’un grand signe de croix chaque fois qu’ils passaient devant une église, un crucifix, un calvaire. Essayez dans vos voyages : une église, un signe de croix. Un crucifix, un signe de croix. Un calvaire, un signe de croix.
Quand vous venez à la Compassion ou quand vous passez devant, en voyant la grande croix devant la Chapelle : Une église, un signe de croix. Un calvaire, un signe de croix.

Chaque fois que nous nous signons, de notre identité chrétienne, chaque fois que nous traçons sur nous ce signe de la croix, c’est le signe de la Résurrection ! nous ravivons la présence de Dieu en nous, notre espérance de le voir de nos yeux, et de retrouver auprès de Lui tous ceux qui nous ont aimés et que nous aimons.

Le signe de croix, signe de la Résurrection.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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