Office du Vendredi Saint - 18 avril 2025

La Passion selon saint Jean - Jn 18,1 - 19,42

Le Christ Jésus, en quittant ce monde, ne nous a pas confiés, à travers le disciple bien-aimé, à l’apôtre Pierre à qui il a confié son Eglise. Jésus ne nous a pas confié, à travers Pierre, à l’Eglise, mais à Marie, sa mère, mère du Christ, mère de Dieu. Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit au disciple : « Voici ta mère ».

La maternité de l’Eglise est sinon un abus de langage, que l’histoire de l’Eglise et l’actualité ne cessent malheureusement de confirmer, tant elle peut être une mère négligente ou cruelle, disons tout au plus une maternité dérivée, comparable à celle de notre mère Patrie, ou encore de la Terre-Mère.

C’est Marie, Mère de Dieu, qui est notre mère, et qui nous permet de comprendre ce qu’est la maternité dans sa tendresse, dans l’amour et l’engendrement à la vie divine, l’éducation dans la foi pour l’accomplissement de notre humanité.

Le Christ dit d’abord à sa mère : « Femme, voici ton fils ».

Mais les deux paroles ne sont pas symétriques : une femme peut avoir, élever de nombreux enfants, c’est le propre de la maternité comme de la paternité d’être ouverte à tous les êtres en devenir. En revanche, nous sommes les enfants d’une seule mère à la fois, qui peut être différente de la conception à l’éducation, jusqu’à ce que nous entrions dans une parfaite relation au Christ en reconnaissant en sa mère notre Mère du Ciel, sans avoir à abandonner notre mère terrestre.
De la même façon que Jésus dans l’évangile dit : « Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux » (Mt 23, 9), il peut dire au disciple qu’il aimait : « Voici ta mère », elle est celle qui m’a porté, nourri, élevé, et qui est la mieux placée pour te rapprocher de moi.

Quand sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus dit avoir enfin trouvé « sa place dans l’Église et cette place, ô mon Dieu, c’est vous qui me l’avez donnée : dans le cœur de l’Église, ma Mère, je serai l’amour », elle ne dit pas autre chose que l’écart qui existe entre l’Eglise et l’amour, un écart qui n’existe pas en la Vierge Marie, la mère du bel amour.

Marie est la mère que son Fils nous a donnée, et qui nous a donné son Fils, le Fils unique de Dieu, celle qui nous permet aussi de comprendre qui est le Père, non pas celui qui laisse mourir son Fils mais qui meurt en Lui, au point que cette parole du Christ en Croix, « Femme, voici ton fils », est une Parole de Père, de notre Père comparable à celle du Baptême de Jésus ou de sa Transfiguration : Celui-ci est mon fils.

Cette Parole est de l’Esprit-Saint si nous reconnaissons en Marie l’épouse du Saint-Esprit.

C’est une parole paternelle de la part de Jésus qui montre à cet instant ultime de sa vie humaine la profondeur de son lien au Père.

Ce qu’il y a de plus saisissant au moment où Jésus va quitter ce monde, où son âme va, par la mort, se séparer de son corps, le plus saisissant et le plus réconfortant est l’absolu de son union au Père : ils sont ‘de même substance’, mieux encore ils ne sont qu’un.

Prendre Marie pour Mère est le testament de Jésus, et nul ne peut avoir Dieu pour Père s’il n’a Marie pour Mère, celle qui est restée fidèle au pied de la Croix, dans une confiance totale en Dieu, elle la fille bien-aimée du Père, mère bien-aimée du Fils, épouse fidèle de l’Esprit.

Le Pape Benoît XVI ne manquait pas de rappeler que la fin de la phrase : « le disciple la prit chez lui » (Jn 19, 27) est très en-dessous du texte grec « beaucoup plus profond, beaucoup plus riche (que) nous pourrions traduire en disant : « il prit Marie dans l’intimité de sa vie, de son être, « eis tà ìdia », dans la profondeur de son être ».

Prendre Marie chez soi, avec soi signifie l’introduire dans le dynamisme de son existence tout entière – à commencer par la conscience de la bonté infinie du Père.

On ne se trompe pas quand on prie Marie, quand on demande l’intercession de la Vierge Marie.

Particulièrement aujourd’hui.

Et demain Samedi pour attendre en silence, comme la Vierge Marie.

« Espère, sois fort et prends courage, espère, espère le Seigneur ».
(Ps 26, 14)

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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