3ème dimanche du temps ordinaire - 26 janvier 2025

Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21

 

Dimanche de la Parole de Dieu

Le Livre des Actes des Apôtres raconte les disputes qui ont éclaté dans la première Eglise, des commencements, disputes entre les frères de langue, culture et tradition grecques et ceux de langue, culture et tradition hébraïques, parce que les veuves du premier groupe étaient « désavantagées dans le service quotidien » (Ac 6, 1). Sans doute étaient-elles plus isolées, moins soutenues que celles du deuxième groupe.
C’est à ce moment-là que les diacres ont été institués, le diaconat créé « pour servir aux tables », comprenez : veiller à une juste répartition des ressources, éviter les conflits, gérer les jalousies, et surtout permettre aux Apôtres de « rester assidus à la prière et au service de la Parole » (Ac 6, 4) : leur permettre de passer plus de temps à l’enseignement qu’au gouvernement de la communauté, plus de temps à la Mission qu’en réunions internes entre eux.

Ce sont deux missions différentes et complémentaires puisque l’enseignement vise à faire accéder chaque personne à la liberté tandis que le gouvernement définit les limites de cette liberté pour la sécurité de chacun et le bien de tous.

La 3ème mission des Apôtres, et, partant, des évêques leurs successeurs et des prêtres et diacres leurs collaborateurs, qui fait le lien entre les deux, entre l’enseignement et le gouvernement, est la sanctification des fidèles (suivant la doctrine des trois munera : enseigner, sanctifier, gouverner).
Elle fait le lien entre les deux car la sainteté se définit par un usage exemplaire de sa liberté. Rien n’est interdit, dit saint Paul, « tout est permis mais tout n’est pas profitable » (Cf. 1 Co 6, 12 ; 10, 23), ni pour soi ni pour les autres.

Notre sanctification est celle de notre liberté. « Vous avez été appelés à la liberté. Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour votre égoïsme ; au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres. Car toute la Loi est accomplie dans l’unique parole que voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Gal 5, 13-14).

C’est le critère de lecture et de service de la Parole de Dieu : elle est une parole d’amour de Dieu qui nous est donnée pour que nous nous aimions les uns les autres comme le Christ nous a aimés. Jusqu’à la mort.

Trois traits caractérisent la Parole de Dieu : elle est vivante, personnelle et efficace.

La Bible n’est pas l’œuvre d’écrivains morts il y a des siècles, d’orateurs dont les paroles ont été recueillies et transmises avec les approximations et erreurs que l’on imagine. L’Auteur de la Bible est l’Esprit-Saint. Il a inspiré ces textes que les successeurs des Apôtres ont, sous l’action du même Esprit-Saint, reconnus comme Parole de Dieu et que nous accueillons comme tels, en acceptant leur formulation humaine et imparfaite. S’appliquent à eux ce que saint Augustin dit de saint Jean-Baptiste : « Jean était la voix, le Seigneur la Parole ».

Le Christ est vivant, Alléluia ! et sa Parole est personnelle : elle transcende les siècles pour offrir à toute personne, de toute langue, culture et tradition, la possibilité d’entrer dans un cœur à cœur avec le Seigneur.

La Parole de Dieu est vivante ; elle est personnelle. Elle est efficace : « vivante, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit » (He 4, 12), pour nous guider dans l’usage de notre liberté.

Saint Antoine que nous fêtions le 17 janvier, pas de Padoue († 1231), le premier, l’ermite, du désert († 356), était entré à l’âge de vingt ans dans l’église au moment de la lecture de l’Évangile, quand il a entendu le Seigneur dire : « Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres ; puis viens, suis-moi, et tu auras un trésor dans les cieux ». Il eut l’impression que cette lecture avait été faite pour lui.
La chose se répéta : « Ne vous faites pas de souci pour demain ». Il se consacra à une vie ascétique, travaillant de ses mains car il avait aussi entendu cette parole : « Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus ».
Il priait sans cesse parce qu’il avait appris qu’il faut « prier sans relâche ». Tous les habitants du village, raconte saint Athanase, en le voyant vivre ainsi, l’appelaient ami de Dieu. « Les uns l’aimaient comme leur fils, et les autres comme leur frère ».

La point crucial de notre liberté tient à notre vulnérabilité et dépendance au regard des autres. Il faut du courage pour ne pas chercher d’autre approbation que celle de Dieu.

Dans l’évangile de ce dimanche, « tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui », comme une anticipation de ce que nous vivrons dans le Royaume et c’est pourquoi Jésus peut dire : « Aujourd’hui l’Écriture s’accomplit ». La suite est rude, qui se conclura par la même souveraine liberté du Christ : « lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin » (Lc 4, 30).

De tous les livres de la Bible, en particulier du Nouveau Testament, l’Evangile tient une place sans égale, parce que ces quatre évangiles sont, plus que tous les autres livres, la Parole du Seigneur, centrés sur le Christ.

Il est la Parole du Père, le Verbe incarné, Parole de vérité, chemin de liberté.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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