Face à la mort, « le chrétien doit tenir solidement deux points essentiels : il doit croire d’une part à la continuité fondamentale qui existe, par la vertu de l’Esprit-Saint, entre la vie présente dans le Christ et la vie future – en effet la charité est la loi du royaume de Dieu et c’est la mesure de notre charité ici-bas qui sera celle de notre participation à la gloire du ciel ».
Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour.
Le deuxième point essentiel est la rupture radicale, qui n’est pas la séparation de l’âme et du corps, provisoire en attendant la résurrection, mais « le fait que, au régime de la foi, se substitue celui de la pleine lumière : nous serons avec le Christ et nous ‘verrons Dieu’ (cf. 1 Jn 3, 2) ».
La mort est la vision de Dieu.
Cette parabole du Jugement dernier en est la plus belle illustration, même si elle relève du retour du Christ dans la Gloire à la fin des temps davantage que de la rencontre personnelle au soir de notre vie, que nous appelons le Jugement particulier.
Ici nous avons affaire uniquement à des croyants.
La différence entre le Jugement final et le Jugement particulier concerne surtout les incroyants qui auront rejeté Dieu, et dont on peut penser que la question leur sera posée par Jésus comme dans l’évangile de saint Jean à cet homme aveugle de naissance que Jésus avait guéri, et qui lui demande quand cet homme le voit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? ». « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. » Il dit : « Je crois, Seigneur ! » Et il se prosterna devant lui (Jn 9, 38). Puissent tous les incroyants en faire autant quand ils rencontreront le Christ, soutenus par nos prières.
Dans cette parabole, nous avons cette parole divine, fondatrice, et à certains égards rassurante pour ceux qui auront fait le bien sans penser adorer Dieu : ce que vous aurez fait au plus petit de mes frères, dit le Seigneur, c’est à moi que vous l’aurez fait.
Ce qui est étonnant est l’étonnement que tous manifestent, tous ! les Justes comme les mauvais : Quand ça ? Quand donc Seigneur ?
Autant pour les seconds, pour les égoïstes, nous sommes habitués à leur mauvaise foi, autant c’est pour les premiers que cet étonnement est étonnant !
Ils savent en effet le lien entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Les deux font partie de l’Ancien Testament, et Jésus en a souvent rappelé le lien : ce sera l’évangile de demain.
Au scribe qui lui demande quel est le premier de tous les commandements ? Jésus répond : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. Et le scribe approuve (Mc 12, 28b-34).
S’ils savent le lien des deux, de quoi s’étonnent-ils ?
De ce qui constitue le message de fond de l’évangile à savoir que l’amour n’est pas seulement un sentiment. L’amour va au-delà du sentiment, qui peut être, disait le Pape Benoît XVI, une merveilleuse étincelle initiale. L’amour va au-delà du sentiment, de l’affection, de l’attachement : l’amour est communion.
S’agissant de ce que nous vivrons après la mort, nous ne retrouverons pas seulement ceux et celles que nous aurons aimées : nous serons avec tous les Bénis du Père.
Toutes ces personnes que la parabole énumère à deux reprises, de façon insistante, ces hommes et ces femmes que nous voyons toute notre vie avoir faim, avoir soif, être étrangers, nus, malades ou en prison, nous ne leur venons pas en aide uniquement par compassion, ni pire pour nous en débarrasser, ne plus les voir, mais parce que ce sont nos frères, nos sœurs. C’est notre famille. Ils seront avec nous dans le Royaume de Dieu, ou alors nous n’y serons pas.
Une des grandes paraboles eschatologiques (sur les fins dernières) de l’évangile est celle du mauvais riche et du pauvre Lazare, où le riche qui se retrouve aux enfers, en proie à de terribles souffrances, pour ne pas être venu en aide au pauvre Lazare.
Faute de pouvoir être secouru, la sentence est irréversible, il supplie Abraham d’envoyer quelqu’un de chez les morts pour prévenir ses frères, ses “cinq frères de peur qu’eux aussi ne viennent dans ce lieu de torture !”. Il a cinq frères, ils sont donc non pas six mais sept parce que le pauvre qui gisait à sa porte était le 7ème, du septénaire de la fratrie.
Abraham lui répond : “Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent ! – Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront.” La réponse d’Abraham est terrible : “S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus.” » (Lc 16, 31). Celui qui est ressuscité d’entre les morts, c’est en effet le Christ !
Le Christ nous promet le bonheur éternel non pas en affinités électives et sélectives mais en enfants du Père. C’est ce que nous entendons par Catholique, c’est-à-dire universel : l’amour va au-delà de tout attachement, ou plutôt l’amour tend vers l’union au Christ par qui et en qui (à la messe, nous disons : Par Lui, Avec Lui et En Lui), l’amour est communion.
Que cet esprit de communion fonde votre espérance et vous donne force et consolation.
Qu’il fortifie votre foi : nous serons sauvés de la mort par la communion.
Père Christian Lancrey-Javal, curé
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