13ème dimanche du temps ordinaire - 30 juin 2024

Mc 5, 21-43

 

J’ai fait un cauchemar. On connaît la phrase de Martin Luther King : I have a dream. Moi j’ai fait un cauchemar : j’étais grand-père, et nos cinq enfants étaient tous incroyants. Ils avaient tous rejeté Dieu. Aucun n’était croyant, pratiquant, et mes petits-enfants n’étaient pas baptisésni catéchisés. Je sais pourquoi j’ai fait ce cauchemar : j’ai célébré les obsèques d’un homme très pieux, très fervent, qui venait ici à la messe depuis la mort de son épouse, aussi pieuse que lui. Quelle ne fut pas ma stupéfaction quand j’ai découvert en préparant la célébrationavec leurs enfants qu’ils avaient tous rompu avec l’Eglise. Tous. Plus aucune pratique. Incompréhensible, surtout qu’ils reconnaissaient en leur père un modèle de bonté, de fidélité, de charité. Certains de leurs amis leur avaient même dit que c’était le père qu’ils auraient aimé avoir.
Qu’il y en ait un ou deux sur les cinq qui ait rompu, cela aurait été normal et presque rassurant sur leur liberté. Mais tous ! Alors qu’ils n’avaient rien à lui reprocher : ils s’accordaient à dire que c’était un homme bon,agréable, dévoué, serviable, excellent bricoleur, compétent, ayant fait une belle carrière, à haut niveau de responsabilités. Un homme respectable, intelligent et croyant !

En d’autres circonstances, je les aurais secoués : expliquez-moi, leur aurais-je dit, pourquoi, alors que le Christ avait une telle place dans sa vie, pourquoi il n’en a aucune dans la vôtre. Vous savez qu’il adorait Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. Qu’est-ce que vous, vous n’aimez pas en Jésus-Christ ?  

Expliquez-moi pourquoi vous faites davantage confiance au monde qui vous entoure, dans lequel vous vivez, aux façons de vivre de la plupart des personnes avec qui vous travaillez, des amis avec qui vous passez vos vacances, qu’à votre propre père qui ne vous a jamais menti, jamais lâché, qui vous a tout donné, et qui n’a jamais cessé de prier pour vous ?

Ils étaient trop bouleversés pour entendre quoi que ce soit, et j’ai déjà eu assez de mal à leur expliquer qu’une messe d’obsèques n’est pas seulement un temps d’hommages mais d’abord une célébration pénitentielle de pardon pour ses péchés.

 M’est revenu à l’esprit l’histoire de Job, « cet homme, intègre et droit, qui craignait Dieu et s’écartait du mal » : le début du livre raconte que tandis que ses enfants festoyaient entre euxJob priait, se disant : « Peut-être ont-ils péché et maudit Dieu dans leur cœur » (Jb 1, 5).

Venons-en à l’évangile de ce dimanche, où un père vient chercher Jésus pour son enfant qui en est à la dernière extrémité : « Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive ! ». Mais elle meurt.
Que fait Jésus, accompagné de Pierre, Jacques et Jean, ces trois disciples qu’il prendra avec lui à la Transfiguration et lors de son agonie à Gethsémani, autrement dit des hommes de confiance et de prière, – que fait-il pour ramener à la vie cet enfant dont le corps était mort, et dont on ne sait pas si son âme était ouverte aux choses de la foi ?

Il met tout le monde dehors !

C’est en présence des parents et de ses disciples qu’il va ressusciter l’enfant, la ramener à la vie, en lui prenant la main, en établissant un contact personnel, en lui parlant.

On peut faire la même lecture de l’autre histoire de cette femme enfermée dans une maladie qui l’empêche de vivre une vie normale, d’avoir des enfants, et l’exclut comme impure. Elle a tout essayé, tous les médecins, toutes les médecines, parce qu’elle en avait les moyens, jusqu’à n’avoir plus rien, jusqu’à n’avoir plus d’autre Salut qu’en Jésus-Christ.

Faut-il donc tomber malade pour découvrir la nécessité du Salut ?

Ne pensez-vous pas qu’un peu d’humilité suffit ?

L’évangile dit qu’elle est guérie en touchant le vêtement de Jésus, qu’elle ressent alors dans son corps la force de la vie. Elle se jette aux pieds de Jésus et c’est en lui disant toute la vérité qu’elle est sauvée – c’est autre chose que guérie.

Elle est sauvée de ce petit monde où elle s’était et où on l’avait enfermée.

Dieu sait qu’elle n’était pas la bienvenue au départ, tant il y avait de monde autour de Jésus, de gens plus importants qu’elle, comme ce chef de synagogue. Seul Jésus l’avait remarquée, ses disciples étaient trop occupés qui formaient une sorte d’écran ou de bulle autour de Jésus, comme l’Eglise peut l’être pour ceux qui cherchent le Salut. 

Seigneur, donne-nous de faire confiance à ceux qui ont mis toute leur confiance en toi, qui savent que tu es bien plus qu’un médecin : tu es le Salut.

Il y a une très belle phrase de saint Paul qui dit : « Je sais en qui j’ai mis ma confiance » (2 Tim 1, 12), en écho à la réponse de saint Pierre (puisque nous fêtions ce 29 juin les deux apôtres)qui disait à Jésus : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68). 

Et vous, que dites-vous ?

 En qui avez-vous mis votre confiance ?

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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