A la Pentecôte les douze apôtres, ou les cent vingt disciples au choix, ont reçu le Saint Esprit, le don de Dieu, et ils sont sortis l’annoncer, l’acclamer, le partager. Ils étaient déjà conduits par l’Esprit Saint : c’est l’Esprit Saint qui leur avait fait suivre Jésus, qui leur avait donné de le reconnaître comme Seigneur. Déjà comme tout être humain depuis sa conception ils avaient l’Esprit Saint en eux, en leur âme comme principe de vie, dès l’instant de sa fécondation quand Dieu insuffle son Esprit et crée une âme et une vie. L’Esprit Saint est un Esprit de vie. Il est Dieu, il est Seigneur, créateur de notre âme et de notre vie.
Que se passe-t-il quand on empêche cette vie de naître ? L’âme va au Ciel mais tous ceux qui l’ont empêché de naître abîment leur relation à Dieu : ‘J’étais un enfant à venir et vous ne m’avez pas accueilli’. C’est toute la société qui en est abîmée, et quand ce refus de la vie, ce refus de l’avenir est revendiqué et constitutionnalisé comme un droit, il faut invoquer l’Esprit Saint « qu’il renouvelle la face de la terre » ! Qu’il nous réconcilie avec Dieu et avec la Vie ! Qu’il nous re-donne le sens de l’émerveillement, la capacité de nous émerveiller, en tout cas d’accueillir la vie.
Toute atteinte à la vie, de sa conception à sa fin naturelle, est une atteinte à l’Esprit Saint et se répercute dans nos relations entre nous. Etonnez-vous de la violence croissante quand les plus jeunes voient ce droit de tuer.
Au début de son Pontificat le Pape François avait dit : “Dieu pardonne toujours, nous les hommes pardonnons parfois, mais la nature ne pardonne jamais”. C’était dans l’avion qui l’amenait à Manille le 15 janvier 2015. Il s’était montré prudent sur le réchauffement climatique, estimant qu’on ignore s’il est « entièrement dû à l’homme, mais c’est en grande partie l’homme qui piétine la nature, continuellement. Nous avons pris possession de la nature, de notre terre sœur, de notre terre mère. Or je me souviens qu’un vieux paysan me disait : “Dieu pardonne toujours, nous les hommes pardonnons parfois, mais la nature ne pardonne jamais”. Si nous la piétinons, elle en fera autant ».
Au jour de la Pentecôte, les Apôtres n’ont pas été bien accueillis. Les gens « étaient tous dans la stupéfaction et la perplexité, se disant l’un à l’autre : “Qu’est-ce que cela signifie ?”. D’autres se moquaient et disaient : “Ils sont pleins de vin doux !” » (Ac 2, 13).
Il y avait foule et c’était en pleine ville.
Il y a ceci de remarquable que la Pentecôte est un événement urbain : elle a lieu dans une ville bondée de pèlerins venus fêter le don de la Loi à Moïse sur la Montagne. C’est sur une montagne que Jésus avait fait venir ses disciples au début de l’évangile de saint Matthieu, sur une montagne qu’il s’est montré Transfiguré. La multiplication des pains avait eu lieu loin de toute habitation, en rase campagne. Ici, dans la suite de la Passion, nous sommes en ville, là où il est le plus difficile de vivre ensemble, plus on est nombreux, plus on est serrés, plus on est différents, plus il y a de monde et plus il y a d’étrangers.
Ce sont ces relations entre nous, nos relations entre nous que l’Esprit Saint veut renouveler.
De façon personnelle et personnalisée, à l’image de ces langues « qu’on aurait dites de feu », distinctes les unes des autres, qui se posent sur chacun d’eux. Pas en vue de sa satisfaction, de son plaisir, encore moins de son confort et sa tranquillité. En vue du bien commun, le bien de tous dit saint Paul : « À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien de tous » (1 Co 12, 7). Quand c’est autour du Christ, ça s’appelle l’Eglise. Quelle merveille !
C’est la question : l’émerveillement ou la perplexité ?
Sommes-nous émerveillés par cette transformation des Apôtres car ils sont vraiment renouvelés : ils avaient peur, ils sortent. Ils n’avaient pas fait d’études, ils n’étaient pas des tribuns, c’est un métier, et voilà qu’ils proclament en toutes langues la Gloire de Dieu. Ils étaient terre à terre et intéressés de savoir qui était le plus grand, ce qu’ils allaient manger, qui serait le mieux placé, voilà qu’ils donnent sans compter. Jusqu’à leur vie, désormais ‘sanctifiés dans la vérité’ (Jn 17, 19).
Alors, allons-nous rester spectateurs, dubitatifs, et pour certains moqueurs, ou est-ce que nous sommes prêts nous aussi à accueillir l’Esprit de vie et de vérité ? A nous laisser transformer, renouveler ?
Est-ce que nous voulons nous joindre aux Apôtres pour être avec le Christ, dans son Eglise, pour être un jour unis aux Saints et aux anges dans la louange ?
Il faut choisir : entre l’émerveillement ou la perplexité.
Le déclic, c’est la louange.
Père Christian Lancrey-Javal, curé
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