Je voudrais en cette fête du Christ-Roi méditer avec vous sur un des textes et des moments les plus importants de la messe, à la fin de la prière eucharistique, juste avant le Notre Père, quand le prêtre prend l’hostie du Corps du Christ et la coupe et du précieux Sang et prononce la grande doxologie : « Par Lui, avec Lui et en Lui, à toi Dieu le Père tout-Puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire, pour les siècles des siècles ».
Une doxologie est une prière de louange, à la Trinité sainte : par le Fils, on s’adresse au Père, dans l’Esprit, en utilisant trois mots qui forment l’essence de Dieu : la Puissance (Dieu le Père Tout-Puissant), l’Honneur et la Gloire.
Ils viennent de la Bible, du livre de l’Apocalypse, d’une vision de la Royauté divine où « les Vivants rendent gloire, honneur et action de grâce à celui qui siège sur le Trône, lui qui vit pour les siècles des siècles, tandis que les vingt-quatre Anciens se prosternent devant Celui qui siège sur le Trône en disant : Tu es digne, Seigneur notre Dieu, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance.
C’est toi qui créas l’univers ; tu as voulu qu’il soit : il fut créé » (Ap 4, 11).
La vision est ensuite celle d’un « Agneau debout, comme égorgé. Quand il prend le Livre dans la main droite de celui qui siégeait sur le Trône, les quatre Vivants et les vingt-quatre Anciens se jettent à ses pieds.
Ils tenaient chacun une cithare et des coupes d’or pleines de parfums qui sont les prières des saints (à l’image de l’encens dans nos célébrations).
Ils chantaient ce Cantique nouveau : « Tu es digne de prendre le Livre et d’en ouvrir les sceaux car tu fus immolé, rachetant pour Dieu, par ton sang, des gens de toute tribu, langue, peuple et nation. Pour notre Dieu, tu en as fait un royaume et des prêtres : ils régneront sur la terre » (Ap 5, 10).
L’Eglise reprend ce Cantique à l’office des vêpres du Mardi, jour traditionnellement consacré aux martyrs et aux Chrétiens persécutés pour la justice, à cause de moi dit Jésus : Heureux sont-ils, disent les Béatitudes, car le Royaume des cieux est à eux.
Et le refrain du Cantique est : Puissance, honneur et gloire à l’Agneau de Dieu (l’agneau étantle visage de Dieu).
La puissance, l’honneur et la gloire ! La puissance et l’honneur vont ensemble puisque la première, la puissance désigne une capacité de faire et l’honneur rend grâce de ce qui est fait. A Lui tout Honneur : nous rendons grâce à Dieu pour ce qu’il fait. Et toute Gloire : nous rendons gloire pour ce qu’Il est.
Il n’est pas de plus belle louange de Dieu que cette prière à la Sainte Trinité qui lui attribue la puissance, l’honneur et la gloire.
Voilà ce que nous célébrons en ce jour en proclamant la Royauté du Christ, le Christ-Roi de l’Univers, à savoir son absolue divinité : Il est Dieu né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu. Tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes vient de Lui. Il est la puissance d’amour du Père, Puissance de Dieu et sagesse de Dieu (1 Co 1, 24).
Au moment de sa mort sur la Croix, le bon larron dit de Jésus : « Il n’a rien fait de mal ». Il faut l’entendre de façon absolue et inspirée : il n’a jamais rien fait de mal, tout ce qu’il a dit et fait est bon et parfait, y compris dans notre humanité : il a tout connu de notre condition excepté le péché. Et ce repenti qui meurt avec lui le supplie : Souviens-toi de moi !
Supplier Dieu de nous venir en aide, Seigneur à notre secours, c’est la prière de demande : Souviens-toi Seigneur ! Nous faisons appel à sa puissance.
Rendre grâce à Dieu pour ce qu’il fait constitue l’action de grâce : Loué sois-tu Seigneur !
Rendre gloire à Dieu pour ce qu’il est, entraîne notre adoration : Je veux voir Dieu !
Posons-nous la question de la place respective de ces trois formes de prière dans notre vie, si nous les tenons de façon suffisamment équilibrée : les prières de demande (de supplication et d’intercession), les prières d’action de grâce (d’émerveillement, de louange et remerciement), et les temps d’adoration et de contemplation de sa Gloire.
Puissance, honneur et gloire : supplication, gratitude et adoration.
A genoux, assis et debout.
L’évangile de ce dimanche du Christ-Roi, la parabole du Jugement dernier nous rappelle que la prière n’est jamais détachée du monde, au contraire : c’est en venant devant Dieu, en écoutant sa Parole, en le contemplant humblement, que son Esprit, l’Esprit Saint nous permet de le reconnaître en nos frères, en qui Dieu par son Fils s’est uni. Dans l’unité du Saint-Esprit.
Par Lui, avec Lui et en Lui, Puissance, Honneur et Gloire, pour les siècles des siècles. Amen.
Père Christian Lancrey-Javal, curé
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