16 juillet ! La date devrait résonner pour nous comme un cri de victoire, pour nous qui aimons la Vierge Marie, car c’est un 16 juillet en 1251 (il y a près de huit cents ans) que la Vierge Marie est apparue à un Carme anglais, Saint Simon Stock, tenté par le désespoir, pour lui dire – et nous signifier à tous – de ne jamais désespérer. Ne désespérez jamais !
Simon était le supérieur général de l’Ordre des Carmes, qui venait d’être créé, en 1209, la même année que l’Ordre de saint François (et quelques années avant celui de saint Dominique en 1215).
A quelques hommes pieux qui voulaient vivre comme le prophète Elie dans la solitude et la prière, la pauvreté et le travail, le Patriarche latin de Jérusalem avait donné une Règle de Vie, la « Règle des frères de Notre-Dame du Mont Carmel ».
Ils se proposaient de « méditer jour et nuit la Parole du Seigneur », suivant la formule qui ouvre le Psautier : « Heureux l’homme qui se plaît dans la loi du Seigneur et murmure sa loi jour et nuit ! ». Ce n’est pas piété le jour (ou le dimanche) et désordres la nuit ou le reste du temps : jour et nuit, c’est toute la vie !
« Il est comme un arbre planté près d’un ruisseau » dit le Psaume, comme Elie près du torrent de Kérith selon « l’Institution des premiers moines », le texte fondateur de la spiritualité carmélitaine, qui commente les 4 versets du 1erLivre des Rois (1 R 17, 2-6) où Elie s’était établi près du torrent de la Charité : les Anciens transformaient Kérith en Carith, Caritas, et « les corbeaux qui le nourrissaient » étaient pour eux les symbole des Saints qui confessent la noirceur de leurs péchés.
Après de premières années enthousiastes, cette nouvelle congrégation s’essoufflait. Au point que l’Eglise envisageait sa suppression, avec ce réalisme dont on aimerait qu’elle fasse encore preuve aujourd’hui, au moins pour les communautés déviantes.
Au matin du 16 juillet 1251, la Vierge Marie apparut à Saint Simon Stock pour le réconforter et elle lui remit un scapulaire brun (le scapulaire, du latin scapula, épaule, est le vêtement de travail des religieux) – lui disant : « Celui qui mourra revêtu de cet habit sera sauvé : il ne souffrira jamais des feux de l’enfer. C’est un signe de salut, une sauvegarde dans les dangers, un gage de paix et d’éternelle alliance ».
A partir de là, l’Ordre carmélitain refleurit dans le monde entier !
Lorsque le Concile de Lyon en 1274 décida de supprimer 22 ordres religieux créés depuis le début du siècle, il en épargna deux : l’Ordre des Frères Carmes et celui des Ermites de saint Augustin.
En 1321, nouvelle apparition de la Vierge Marie, auprès du Pape lui-même, Jean XXII, à qui elle renouvela sa promesse : « Si au jour de leur passage en l’autre vie, les enfants du Carmel sont amenés au purgatoire, j’y descendrai le samedi qui suivra leur décès et je délivrerai ceux que j’y trouverai et les ramènerai à la montagne sainte et à la vie ».
Cette promesse fit l’objet de la Bulle Sabbatine publiée le 3 mars 1322, confirmée par la suite par une vingtaine de papes qui étendront ses privilèges à tous les baptisés, le Pape Benoît XIII prononçant en 1726 l’extension de la fête du 16 juillet à toute l’Eglise.
C’est la seule célébration liée à une dévotion particulière qui a été maintenue en 1970 pour l’Eglise universelle lors de la réforme liturgique du dernier Concile.
Entretemps, le 15 août 1950, Sœur Lucie, la dernière voyante de Fatima, avait révélé que Marie leur était apparue sous l’aspect de Notre-Dame du Mont-Carmel, tenant en main le Scapulaire brun. A la question de savoir si ce Scapulaire faisait partie du message de Fatima, elle répondit que le port du Scapulaire était aussi important que la récitation du chapelet : « Le Chapelet et le Scapulaire sont inséparables ». « Le Saint-Père (Pie XII) a dit cela au monde entier, le Scapulaire est le signe de la consécration au Cœur Immaculé ».
Ce peut être un scapulaire ou une médaille, pour autant que ce signe soit porté dans la fidélité à la prière et la charité, comme Jean-Paul II a lui-même affirmé sa dévotion à Notre-Dame de Mont Carmel, en invitant les baptisés à « modeler leur existence sur l’exemple de Marie, pour accueillir avec un cœur purifié la Parole de Dieu en se dédiant avec zèle au service de leurs frères » (Osservatore Romano du 26 juillet 1988).
Les signes religieux sont comparable aux paraboles de l’évangile, qui prennent sens dans ce que nous en faisons dans notre vie pour que la Parole de Dieu et sa méditation porte du fruit : quel sens cela aurait-il d’être pieux sans être serviable ? Quel sens cela aurait-il d’être pieux sans être chaste ?
La charité, dans la fidélité, fait la vérité de la prière.
Père Christian Lancrey-Javal, curé
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