13ème dimanche du Temps Ordinaire - 2 juillet 2023

Mt 10, 37-42

 

C’est au début du 15ème siècle qu’on a retrouvé à Constantinople, dans une poissonnerie ! la Lettre à Diognète, un des plus anciens textes sur les Chrétiens dans le monde, et un des plus célèbres depuis sa publication en 1592 par Henri Estienne imprimeur et savant français, qui l’avait découvert à la bibliothèque de l’abbaye de Munster. Ce texte du 2èmesiècle est magnifique pour son programme de vie, catholique et anti-communautariste, qui commence ainsi :
« Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les coutumes. Ils n’habitent pas de villes qui leur soient propres, ils n’emploient pas quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n’a rien de singulier …
Ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et le reste de l’existence, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur manière de vivre ».

Ces lois extraordinaires, nous venons de les entendre : aimer Dieu plus que sa propre famille, aimer Dieu plus que sa propre chair !

« Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés ».
La pratique était courante, et parfaitement légale, plutôt que de tuer le nouveau-né dont on ne voulait pas, lorsqu’il était atteint de malformation ou les parents dans la misère, de ‘l’exposer’, c’est-à-dire de déposer l’enfant dans un lieu passant à la merci des braves gens. Le nourrisson avait quelques chances de survie s’il était ramassé, avant qu’on prenne l’usage au Moyen-Âge de le laisser à la porte des églises.

L’Église s’est toujours occupée de l’accueil de la vie. Il a fallu attendre la Révolution en France pour que se mette en place une assistance publique, et pour que la question soit réglementée par l’Etat, qui a depuis et assez récemment fixé ce critère économique objectif : la sortie du ventre de la mère. Le bébé ne dispose d’aucun droit tant qu’il n’est pas né. Si une malheureuse tue son enfant de quelques jours, elle est coupable d’infanticide. Quelques jours ou semaines plus tôt, la disparition in utero aurait pu être prise en charge par l’Etat.

La loi et la doxa (l’opinion commune) contemporaines considèrent que l’enfant à naître fait partie du corps de la mère qui en dispose comme les parents disposaient de leurs enfants il y a deux mille ans, avec droit de vie et de mort.

Dieu seul est le maître de la vie.
Jusqu’en 1970, ce 2 juillet était la fête de la Visitation où Elisabeth et Marie affirment la conscience que leur enfant ont déjà en leur sein : l’embryon a une âme douée de conscience et de volonté. Une âme immortelle : ses parents le retrouveront après leur mort.

La mission des Catholiques est d’aider les parents à accueillir la vie en dépit des difficultés, des angoisses et des pressions. Lorsque j’étais à Saint-Louis d’Antin j’avais réuni les associations catholiques qui œuvraient dans ce domaine et j’avais été admiratif de leur engagement, et consterné par leurs mauvaises relations entre elles et par l’absence de soutien de la hiérarchie de l’Eglise.

Pourquoi ?

Les Catholiques de notre pays, dans leur majorité, ne voient plus où est le problème.

A partir du moment où la science et la loi le permettent, ‘où est le problème ?’.

Ils ne voient pas plus le problème qu’il y a à aller à la messe seulement quand on en a envie et à prendre l’hostie même si on n’est pas confirmé, même si on ne va jamais se confesser, même si on ne vient qu’épisodiquement. ‘Où est le problème ?’

Le problème est tout ce qui touche au sacré. A la vie comme don de Dieu. Je ne vous parlerai pas des conséquences de l’avortement puisque c’est illégal (délit d’entrave), alors même qu’il n’existe aucune étude sérieuse et rigoureuse sur le sujet.

La foi catholique nous enjoint d’être ouverts à Dieu et à la vie, de ne pas séparer union et procréation, ce qui n’est pas une lecture irresponsable du commandement « soyez féconds et multipliez-vous » (Gn 1, 28), mais la certitude que le corps et la sexualité sont des dons de Dieu, au rebours de la mentalité contraceptive contemporaine, dont le slogan ‘un enfant quand je veux’ est démenti par la réalité. L’histoire dans la 1ère lecture de ce dimanche de cette femme inféconde en est une douloureuse et toujours actuelle illustration.

La réalité est : un enfant pas toujours quand je veux, et pas toujours comme je veux.

Seigneur, non pas ma volonté mais la tienne.

« Non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux » : la prière de Jésus au moment de donner sa vie (Mt 26, 39) devrait être notre prière de tous les jours, et la prière de tous les couples, avant la venue de l’enfant et pendant toute son éducation.

La décision d’accueil revient à la conscience de chacun, notre bien le plus précieux, notre trésor, là où le Seigneur nous parle cœur à cœur, jusqu’au jour où nous le verrons face à face.

Il dira à ceux qui ont choisi d’accueillir, envers et contre tout et tous, un enfant handicapé qui aura bouleversé leur vie : « qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera ».

Ce que vous aurez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi, prévient Jésus, que vous l’aurez fait.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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