3ème volet de mes réflexions sur la foi, son aspect le plus rebutant, l’obéissance : « Mes brebis écoutent ma voix » dit Jésus (Jn 10, 27). Telle est la 3ème condition de la foi, après le pèlerinage de la foi, nous en sommes en chemin, « Mes brebis me suivent » dit Jésus, qui est lui-même le Chemin, la Vérité et la Vie, après l’intelligence de la foi, « Mes brebis me connaissent » dit Jésus qui parle au cœur parce qu’il respecte l’intelligence, voici donc l’obéissance de la foi. La foi se reçoit, la foi se nourrit, la foi obéit.
Pèlerinage de la foi, Intelligence de la foi, Obéissance de la foi : P.I.O. comme saint Padre Pio a été un modèle d’obéissance à l’Eglise malgré des décisions injustes – auxquelles il s’est plié, il a obéi, parce qu’elles restreignaient ses actions mais ne lui en faisaient pas faire de mauvaises.
La différence est importante entre interdire et obliger.
Si mon supérieur m’interdit de faire quelque chose qui aurait été bien, j’obéis. A regret. S’il m’ordonne de faire quelque chose de mal, je refuserais. Nous confondons les deux : les interdits et les obligations, interdictions et injonctions.
Si mon évêque m’interdisait de célébrer la messe et de confesser comme Padre Pio en a été interdit pendant des années, j’espère obéir comme lui, quand bien même cet interdit serait incompréhensible. En revanche, si mon évêque m’ordonnait de tenir des propos, de vous lire un texte qui irait contre ma conscience, malgré tous les éclairages et éléments d’explication que j’aurais cherchés et obtenus, je m’abstiendrais : il n’est pas permis d’agir contre sa conscience.
Vous voyez la différence : entre accepter une restriction de notre champ d’action qui n’est que la partie la plus visible de notre liberté, et poser des actes contraires disons à nos valeurs ? Il vaut mieux parler ici de valeurs que de vision des choses ou du monde, car les valeurs sont reconnues comme le meilleur levier pour échapper à une emprise.
Ne disons pas trop vite (des actes contraires) à notre conscience, car celle-ci est transcendante. Sinon, elle ne pourrait pas s’opposer à une autorité légitimement instituée.
Qu’y a-t-il de transcendant dans l’être humain ? Sa conscience, et par ce fait, sa dignité. C’est le paradoxe des incroyants et des athées qui récusent la transcendance de Dieu au nom de leur propre transcendance à eux, de leur conscience et de leur dignité, se faisant ainsi l’égal de Dieu.
En forçant un peu le trait, on pourrait dire que des parents ne peuvent pas obliger un enfant à dormir : ils peuvent lui interdire de sortir de son lit, de bouger ou de faire du bruit, dans l’espoir qu’il finisse par s’endormir. Dors, je le veux. Semblablement, plus tard, à l’école, à la messe, il est très difficile de l’obliger à apprendre et à écouter, et tout au plus pourra-t-on lui interdire de faire autre chose, tout ce qui pourrait gêner les autres, qu’il s’agisse de mal se tenir, de parler, de se distraire ou de jouer.
Nos discussions sur le travail sont faussées dès lors que le sujet n’est pas tant le travail que l’obéissance : nos contemporains ne veulent pas arrêter de travailler mais d’obéir. Surtout à des supérieurs qu’ils ne considèrent pas comme tels, oubliant qu’ils ne le sont que de façon déléguée.
La semaine dernière, une paroissienne m’a interrogé sur ce qu’elle devait répondre à un ami qui voulait savoir ‘où c’est écrit dans l’évangile’ qu’il faut aller à la messe tous les dimanches ? Il voulait un ordre écrit de Jésus-Christ. Où est-ce que c’est écrit ?
En l’occurrence, c’est le 3ème commandement du Décalogue : tu sanctifieras le Jour du Seigneur. Et la demande du Christ lui-même : Faites cela en mémoire de moi.
Dans le Décalogue, nous est donné ce qui est objectivement bon et mauvais, toujours et partout.
Trois commandements positifs d’obligation : l’adoration de Dieu, le respect du Jour qui lui est consacré, et de ceux qui nous ont transmis ces commandements et les ont appliqués.
Et sept interdits qui se suffiraient à eux-mêmes pour faire du monde un paradis, de notre vie une mélodie : le Décalogue est un solfège, indispensable à l’harmonie.
C’est pour avoir négligé l’enseignement de ces Commandements, malgré leur reprise (amplifiée) par Jésus dans le Sermon sur la montagne (on vous a dit, moi je vous dis), malgré cette mise en garde qui ouvre son discours du Bon Pasteur contre les voleurs et les bandits, que l’Eglise s’est retrouvée ces dernières années pire qu’en cacophonie, en proie à toutes sortes d’abus et de dérives.
Le Christ, le bon Berger, s’est fait obéissant dans la pratique de ces Commandements, dont il nous enseigne l’Esprit, devenant ainsi le chef de notre foi.
L’amour commande et la foi obéit.
Père Christian Lancrey-Javal, curé
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