Comment reconnaît-on un évêque ?
La question que m’avait posée un paroissien qui avait suivi la Messe chrismale à la télévision était : comment reconnaît-on les prêtres des diacres et des séminaristes, tous en blanc, « vêtus de robes blanches » dit la 1ère lecture (Ac 7, 9) ? La réponse est l’étole, pas très visible, blanc sur blanc, que le séminariste n’a pas, que le diacre porte en biais, l’étole du prêtre est droite. Les évêques sont reconnaissables à leur mitre, dont la forme symbolise les langues de feu de la Pentecôte (je croyais que c’était la forme du Livre ouvert des Ecritures), et l’évêque qui préside tient la crosse du berger, le signe du pasteur. Au début de la messe, seul l’évêque salue comme Jésus au soir de Pâques : « La paix soit avec vous ». Et à la fin il bénit avec trois signes de croix : au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.
En régime catholique, le pasteur c’est l’évêque. Bien sûr l’unique Pasteur est le Christ, pasteur éternel, unique grand prêtre. Mais seul l’évêque détient la plénitude du sacerdoce apostolique, le pouvoir d’ordination des prêtres : comme le Christ m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Première mission des évêques : appeler et envoyer des prêtres !
D’autres pouvoirs sont réservés aux évêques comme le don de l’Esprit-saint par le sacrement de la confirmation, les pouvoirs d’exorcisme confiés par Jésus à ses Apôtres, chassez les démons, seul l’évêque est exorciste même s’il délègue à un ou deux prêtres, des pouvoirs juridiques qui marquent leur attention aux difficultés du peuple chrétien en particulier pour l’invalidation des mariages, même si la plupart des évêques s’en débarrassent auprès de l’Officialité, ou encore de levée de vœux ou d’engagements : si vous faites un vœu privé, seul l’évêque peut vous en délivrer.
Le Curé est le pasteur propre de la paroisse sous l’autorité de l’Évêque, dont nous sommes, prêtres et diacres, les collaborateurs : en régime catholique, le pasteur c’est l’évêque. Chaque année au Jeudi saint à la Messe chrismale l’évêque interroge ses prêtres : « Fils très chers, en cet anniversaire du jour où le Christ fit participer ses Apôtres et chacun d’entre nous à son sacerdoce, voulez-vous, devant votre évêque et le peuple saint de Dieu, renouveler les engagements que vous avez pris autrefois ? ».
Ces engagements, mes amis, étaient et sont toujours de nous mettre à votre service. C’est ainsi que nous les avons ratifiés : « Voulez-vous devenir prêtre, collaborateur des évêques dans le sacerdoce, pour servir et guider le peuple de Dieu sous la conduite de l’Esprit Saint ? ». Nous avons répondu : Oui, je le veux.
L’évêque a continué : « Promettez-vous de vivre en communion avec moi et mes successeurs, dans le respect et l’obéissance ? ». Nous avons répondu : Je le promets.
Nous avions eu sept années pour y réfléchir. Et depuis, nous nous rallions à ses choix, qu’ils nous plaisent ou non. Le seul cas où nous ne soyons pas tenus à l’obéissance, où elle est même interdite, dans l’Eglise comme le monde, est le cas où l’ordre donné conduirait au péché.
Le désagrément comme le désaccord ne sont pas des motifs suffisants pour désobéir.
J’ai essayé de l’expliquer pendant la pandémie à ceux qui tenaient comme une obligation de communier sacramentellement dans la bouche. ‘L’évêque n’a pas le droit de l’interdire’ me disaient-ils de façon peu amène.
‘Et si votre évêque interdisait, comme cela est arrivé (dans d’autres diocèses), de célébrer des messes pour les enterrements au motif qu’il n’y a plus assez de prêtres ? Qu’est-ce que vous feriez ?’ J’en serais malade mais nous prêtres ne célébrons la messe que par délégation et en communion avec l’évêque. Là où est l’évêque, là est l’Eglise. La phrase exacte de saint Ignace d’Antioche est : « là où paraît l’évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l’Église entière » (littéralement : l’Eglise catholique).
La question qui m’est plus souvent posée est de savoir si j’accepterais de marier un couple dont l’un des deux a déjà été marié devant Dieu, et, malgré ma sympathie pour leur amour, je réponds : non. J’ai promis d’être en communion et d’obéir. Comment pourriez-vous avoir confiance en moi si je ne tenais pas parole ? Enfin, mon père, ne vous arrive-t-il jamais d’arranger la vérité, de tricher un petit peu ? Jamais sur les sacrements.
Dans toutes les situations complexes, je prends conseil des autres prêtres, et je demande s’il le faut à mon évêque (ou son vicaire général) pour demeurer comme lui dans la Tradition et la Communion. C’est le sens des trois signes de croix par lesquels l’Evêque bénit l’assemblée :
Au nom du Père, pour marquer la communion avec Dieu et avec nos frères,
Et du Fils, pour demeurer au croisement de la Tradition et de la vie présente,
Et du Saint-Esprit, pour vous servir et vous guider sous la conduite de l’Esprit Saint.
Dites-nous alors : qu’attendez-vous de notre nouvel Evêque ?
Qu’il rappelle la grandeur et la beauté des sacrements.
L’Église est elle-même un sacrement. Elle s’est définie ainsi, comme étant, « dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain ».
Dans le Christ : là où est le Christ, là est l’Eglise.
Père Christian Lancrey-Javal, curé
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