L’Avent qui nous conduit et prépare à Noël vient du mot avènement : Noël est le premier avènement du Christ, la venue de Dieu pauvre parmi les pauvres, et l’évangile de ce dimanche nous parle de son deuxième avènement, sa venue dans la Gloire : la Parousie ! Une paroissienne se demandait si elle allait garder la foi … Ce serait dommage, lui ai-je dit, de la perdre et que le Christ arrive !
L’Avent commence dans deux semaines. Si c’était le Carême, il commencerait aujourd’hui. Si l’Avent était un Carême, le Carême avant Noël, il durerait quarante jours, ce ne serait pas plus mal tant nous avons besoin de pénitence, de changer nos cœurs, de croire que Dieu nous aime. Si l’Avent était un Carême, nous ferions mieux le lien entre l’Incarnation et la Rédemption, entre Noël et Pâques, nous comprendrions mieux pourquoi Dieu s’est fait homme, pour nous sauver – cela nous éviterait de considérer la Croix comme un accident de l’Histoire.
Si l’Avent était le Carême avant Noël, ce serait aujourd’hui le dimanche des Tentations et le prochain, de la Transfiguration : cela marche assez bien car ce dimanche est la Journée mondiale des pauvres, et c’est une grande tentation de penser que c’est leur problème. Et dimanche prochain la fête du Christ Roi de l’Univers donne toute la mesure de la Transfiguration où Jésus révèle sa Gloire de Fils unique de Dieu, qui s’est fait notre frère pour que nous le soyons nous-mêmes de nos frères et sœurs : vivre en communion.
Pour les quatre dimanches de l’Avent, cela marche aussi, avec trois dimanches de ‘scrutin’ c’est-à-dire de discernement, et le 4ème, le dernier est consacré à la Vierge Marie, dimanche de la Compassion avant Noël comparable au dimanche de la Passion avant Pâques.
L’Avent est un temps aussi important que le Carême parce que nous avons besoin de projets communs, d’avancer ensemble sur un même chemin disait le chant d’entrée dimanche dernier, pour bâtir avec Dieu un monde plus humain.
Abreuvons-nous aux mêmes sources et partageons le même pain, ouvrons nos cœurs au même souffle, accueillons le Royaume qui vient.
L’unité que nous ne cessons d’invoquer de nos vœux est une unité vivante, dynamique, d’un peuple en marche, d’une communauté hétéroclite qui doit progresser en conciliant deux contraintes contradictoires : avancer sans perdre les lents ni décourager les forts. Comment est-ce possible ? Comment fait-on ?
Comme le peuple au désert : par étapes.
Avancer par étapes : s’arrêter pour souffler et regrouper tout le monde. C’est le principe de la messe du dimanche, et des grandes fêtes. Est-il besoin de se réunir en plus, en synodes, conventions ou conciles ? Oui, pour vérifier que nous sommes fidèles à la nature sacramentelle de l’Eglise, qui n’est pas une institution mais la route de l’homme vers Dieu.
Les anciens reconnaissent les premiers mots du Pape Jean-Paul II : « Le Rédempteur de l’homme, Jésus-Christ, est le centre du cosmos et de l’histoire ». « Jésus-Christ est la route principale de l’Eglise », et l’homme « la première route de l’Eglise, route tracée par le Christ lui-même, route qui passe par le mystère de l’Incarnation et de la Rédemption ».
Le Christ a institué l’Eglise pour ses sacrements. Laissons le mot instituer pour nous recentrer sur les sacrements : ils sont l’aide, la grâce que Dieu nous donne pour vivre et aimer.
Si l’Avent était le Carême avant Noël, ce dimanche serait celui des Tentations. Elles sont si nombreuses ! avec toutes le même trait commun : la tentation d’être maître du temps. De s’approprier le temps. S’en affranchir revient au même.
Nous sommes des créatures temporelles, et, ‘en même temps’, de toutes les créatures, la seule que Dieu ne nous a pas confiée est le temps.
Dieu nous a confié la Création pour que nous en prenions soin. Dieu nous a placés au sommet de la Création, donné mission de dominer la terre, d’être les maîtres « des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, des bestiaux, de toutes les bêtes sauvages, et de toutes les bestioles qui vont et viennent sur la terre » (Gn 1, 26). Dominer ne veut pas dire écraser. Le Seigneur est tendresse et pitié.
Le temps n’est pas un bien de consommation. Il est notre condition de vie, notre perception de l’espace, notre lien à Dieu. Voici que je me tiens à la porte, dit le Seigneur. « Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (Ap 3, 20). Le miracle se reproduit chaque fois que nous venons à la messe : Jésus vint, il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » (Jn 20, 20).
Que l’Esprit Saint nous donne d’être fidèles au Christ et aux sacrements de l’Eglise. Fidèles au Christ et à ses sacrements.
Père Christian Lancrey-Javal, curé
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