2ème dimanche du Carême - 28 février 2021

Mc 9, 2-10

 

Dans le chant ‘les Saints et les Anges’, les Saints passent avant les Anges. Nous l’avons vu avec les tentations au désert : Jésus vainqueur, « les anges le servaient » dans son et notre humanité délivrée de tout mal. La Lettre aux Hébreux le dit de façon magnifique : l’homme sauvé devient « bien supérieur aux anges » (He 1, 4). Notre humanité glorifiée sera au Ciel au-dessus des anges. Dans le chant ‘les Saints et les Anges’, les Saints passent avant. Dans le chant ‘les Saints et les Saintes’, pas du tout. La sainteté suppose la parfaite égalité des hommes et des femmes.

Pourquoi Jésus n’emmène-t-il avec lui que des hommes, Pierre, Jacques et Jean, sur la montagne où il est transfiguré ? Pourquoi a-t-il appelé uniquement des hommes comme apôtres alors qu’il y avait de nombreuses femmes à sa suite, qui sont restées, elles, jusqu’au bout, au pied de la Croix, avec le disciple que Jésus aimait ? Ayons la décence de penser que ce choix a été fait par le Christ de façon délibérée, et non par quelque étroitesse d’esprit et conditionnement culturel. Jésus est Dieu né de Dieu, lumière née de la lumière, exempt de tout péché.
Que ce choix nous dépasse, c’est évident.

La 1ère lecture de ce dimanche, le sacrifice d’Abraham est sans rapport avec l’évangile, de même que dimanche dernier, la 1ère lecture sur le déluge était sans rapport avec le désert. La 2ème lecture avait le mérite de préciser que dans l’Arche de Noé il y avait autant de femmes que d’hommes, huit en tout.
Le sacrifice d’Abraham rappelle qu’hommes et femmes n’ont pas la même perception de la violence. Pourquoi le Seigneur n’a-t-il pas demandé à Sarah, sinon d’accompagner Abraham, au moins de faire ses adieux à son fils avant qu’Abraham ne l’emmène ? Elle lui aurait ri au nez ! Elle aurait hurlé. Il faut un benêt comme Abraham, un homme juste craignant Dieu mais ne craignant pas la violence pour accepter une telle demande divine.

Hommes et femmes, marqués par le péché, ne sommes pas à égalité en ce monde parce que nous n’avons pas le même rapport à la vie et à la violence. Bien sûr qu’il y a de la violence de la part des femmes : demandez à Elie qu’il vous parle de la reine Jézabel, et de la lâcheté du roi Achaz. Demandez à la servante d’Abraham, Agar, qu’elle vous parle de la façon dont elle a été chassée par Sarah, sans qu’Abraham ne dise rien. Bien sûr qu’il y a de la violence de la part des femmes : elle n’est pas la même et il n’y en a pas autant.
Les féministes ont raison de s’insurger contre les violences faites aux femmes par les hommes, et de répéter que l’inverse n’est aucunement comparable.
Et nous n’avancerons pas sur la compréhension du sacerdoce réservé dans l’Eglise aux hommes – qui fait que les évêques, successeurs des apôtres, sont des hommes célibataires, de même, dans la tradition latine, que leurs collaborateurs prêtres -, tant que nous n’aurons pas compris ce que nous célébrons le Jeudi Saint, dans l’institution de la Messe et de la Prêtrise, par le lavement des pieds, qui révèle le vrai pouvoir – de l’amour.

La Transfiguration du Seigneur montre d’abord la divinité du Christ par sa filiation au Père. La première personne à qui notre filiation adoptive a été donnée, la Vierge Marie mise à part, est Marie Madeleine, l’apôtre des apôtres, quand Jésus ressuscité lui dit : « Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jn 20, 17). Il ne dit pas : mon Père et leur Père, mais mon Père et votre Père, ton Père, ma fille, mon enfant, ma sœur.

La deuxième réalité de la Transfiguration est l’énergie irradiante du Christ, qui en est la source absolue, énergie parfaitement maîtrisée, à l’image du buisson ardent qui brûlait sans se consumer, où la Tradition a reconnu aussi bien l’Esprit-Saint que la Vierge Marie, les deux instances qui donnent la Vie.

Troisième réalité : les hommes présents ne savent que dire, et sont incapables de s’élever à la hauteur de l’événement. Pierre ‘prend la parole’ pour essayer de ramener ce qu’il voit à ce qui lui est familier : dressons trois tentes. Retentit la voix du Père dont nous pourrions dire qu’il re-prend la parole pour la remettre à la bonne hauteur : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! ». Revenez à la source de la vie, découvrez que cette Vie est en Lui pour qu’elle soit en vous.

Toute violence est un détournement d’énergie.

Toute violence est un détournement d’énergie et se combat de deux manières : le sacrifice et la louange. Le sacrifice de ce qui ne nous réunit pas et n’est tourné que vers soi ; la louange de ce qui fait la beauté de la Vie.
Le Christ a créé la Messe ‘sacrifice de louange’, et il a demandé à des hommes de le représenter dans l’actualisation de son sacrifice d’action de grâce, parce que la priorité pour la paix du monde est la purification des hommes de leur volonté de domination.
Et il y aura toujours plus de femmes que d’hommes à la messe et plus d’anciens que de jeunes parce que la violence est ce qu’il y a de plus difficile et de plus long à convertir. C’est le chemin de notre vie. C’est aussi ce que Moïse et Elie, deux anciens meurtriers, figurent auprès du Christ transfiguré : la conversion de la violence des hommes à une humble soumission à l’amour de Dieu.

Dernière question : quand est-ce que les apôtres ont cessé de se demander ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts » ? Quand ils ont vu le Christ ressuscité au jour de Pâques ? Ou quand ils ont reçu l’Esprit-Saint et le don de la paix ?

Il y a deux façons de combattre la violence : le sacrifice et la louange, le sacrifice de soi et la louange de Dieu.

Le Christ transfiguré est la lumière de la paix.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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